Rencontrer un artiste, c’est rencontrer son univers artistique personnel, c’est avoir la chance de regarder une seconde fois son oeuvre sous un autre visage. Et cette semaine, je suis heureuse de vous partager ma rencontre avec l’artiste français Xarli Zurell. Un artiste dont l’oeuvre irradie par son usage d’une lumière éblouissante et sa représentation de personnages aux allures phosphorescentes.
Ses compositions tantôt surexposées, qui aplanissent la surface et font disparaitre ses motifs dans la matière, ou rythmées par des personnages miniatures, sont toutes traversées par la volonté de traduire un manque. L’artiste y parvient avec subtilité en réalisant des oeuvres teintées par des univers dissonants. En effet, l’artiste collecte des motifs et n’hésite pas à les détourner de leurs univers et de leurs essence initiales. En résulte des figures et des objets isolés et rapportés dans de nouveaux décors abstraits imaginés par l’artiste.
Notre semaine se fera éblouissante et sera rythmée par des compositions étonnantes pleines de poésies et sublimées par la grande maitrise des couleurs de Xarli Zurell.
Ses compositions tantôt surexposées, qui aplanissent la surface et font disparaitre ses motifs dans la matière, ou rythmées par des personnages miniatures, sont toutes traversées par la volonté de traduire un manque. L’artiste y parvient avec subtilité en réalisant des oeuvres teintées par des univers dissonants. En effet, l’artiste collecte des motifs et n’hésite pas à les détourner de leurs univers et de leurs essence initiales. En résulte des figures et des objets isolés et rapportés dans de nouveaux décors abstraits imaginés par l’artiste.
Notre semaine se fera éblouissante et sera rythmée par des compositions étonnantes pleines de poésies et sublimées par la grande maitrise des couleurs de Xarli Zurell.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Xarli (prononcé Charli) Zurell et je suis originaire d’un petit village au coeur du Pays Basque. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours dessiné, cela a toujours été une nécessité personnelle pour tromper l’ennui mais aussi et surtout pour créer des mondes. La peinture est venue plus progressivement, d’abord par la colorisation de mes dessins et ce n’est finalement qu’à la fin du lycée que je l’ai pratiquée comme medium à part entière. J’ai ensuite fait mes études aux Beaux-Arts de Biarritz puis de Nantes avant de m’installer à Bruxelles en 2017 où j’ai commencé à exposer de façon assez régulière. Je vis aujourd’hui sur Paris depuis tout juste un mois.
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Je mets en scène des figures isolées, des objets abandonnés ou partiellement détruits. Je pourrais donc peindre tout cela dans des teintes plus affectées, sombres mais je choisis cette gamme colorée quelque part comme un contrepied aux sujets représentés.
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Xarli Zurell
Dans vos créations, vous utilisez des couleurs très vives, éblouissantes et presque fluorescentes. Très souvent, les visages sont surexposés et leurs traits disparaissent dans la matière. Les personnages deviennent très souvent de véritables points de lumière dans vos compositions. Pouvez-vous nous parler de ces choix chromatiques?
Je me suis souvent demandé pourquoi j’étais constamment attiré et ramené vers des couleurs vives bien qu’ayant expérimenté d’autres types de gammes chromatiques. C’est à mon sens lié au contexte dans lequel j’ai grandi, le Sud-Ouest de la France et cette lumière si caractéristique que je ne l’ai retrouvée nulle-part ailleurs. C’est comme un vestige de l’enfance. De façon plus consciente il y a aussi cette envie de travailler une tonalité douce-amère un peu comme pouvait le faire Jacques Demy dans son cinéma. Traiter des sujets potentiellement pathétiques d’une façon à priori légère, joyeuse. Je mets en scène des figures isolées, des objets abandonnés ou partiellement détruits. Je pourrais donc peindre tout cela dans des teintes plus affectées, sombres mais je choisis cette gamme colorée quelque part comme un contrepied aux sujets représentés.
Si la figuration est donc bien présente dans votre travail, l’échelle choisie établit une distinction remarquable entre le fond et les figures: les personnages se font bien plus petits par rapport à l’arrière plan souvent abstrait et très étiré en longueur. Que souhaitez vous souligner avec ce parti-pris ?
C’est une façon de souligner un manque, une forme d’aliénation. Les trois séries de peintures sur lesquelles je travaille aujourd’hui sont toutes traversées par cette notion. La première et celle que je mène depuis le plus longtemps maintenant, tient son origine dans une collecte physique et photographique de rebuts en tous genres que je viens représenter en peinture. La deuxième est un jeu de rapprochement entre des peintures d’inspiration papier peint et d’autres prenant pour sources des photos que j’ai prises au fil du temps dans divers parcs bruxellois. La troisième est une série de portraits de proches dans une situation de désordre émotionnel. Qu’il soit statutaire (pour les objets, qui sont défaussés de leur fonction utilitaire) structurel (ces parcs et papiers-peints qui m’apparaissent tels des simulacres de nature) ou affectif, il y a donc toujours un manque à l’oeuvre.
Vos personnages sont souvent réalisées en monochromes et de couleurs irréelles. Et très souvent nous n’avons pas de repères spatio-temporels. Nous sommes comme projetés dans des songes où tout est bousculé. Comment composez-vous ces scènes? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre processus créatifs?
Je travaille toujours d’après des photographies que je prends moi-même dans des espaces que je vais traverser, éprouver, qui me sont familier. J’ai besoin d’entretenir un rapport assez étroit avec mon sujet sans quoi j’ai le sentiment de ne pas être suffisamment légitime pour le représenter. Vient ensuite une étape de dessin préparatoire aux feutres où je commence à identifier les couleurs que je souhaiterais utiliser, les éléments que j’ai envie de représenter, exagérer ou au contraire éluder. Puis vient la peinture. J’ai donc un protocole assez défini mais je laisse tout de même une place importante à l’expérimentation et à l’improvisation quand arrive le geste pictural. Même si je suis sur des enjeux de représentation et de figuration, je pense que l’intérêt de ma peinture se situe dans l’omission et dans l’écart que j’arrive à trouver entre le sujet photographique et la réalisation picturale. Bacon disait qu’au temps du cinéma et de l’image photographique la peinture se devait «d’abréger». Je travaille souvent avec cette idée en tête.
Quelles sont vos inspirations artistiques?
Elles sont multiples et pas nécessairement cantonnées au champs de l’art contemporain. J’écoute par exemple beaucoup de musiques en peignant et je suppose que cela doit d’une certaine manière conditionner ma façon de peindre. J’écoute par exemple des choses plus énergiques dans les premières étapes de travail qui sont souvent faites de gestes assez amples et dynamiques et des musiques plus propices à l’introspection lorsque je suis sur du détails, des finitions. Pour donner quelques noms d’artistes, sur une même session de travail je peux passer de Philip Glass à Lefa, de SCH aux Strokes...Pas mal de Rap donc, mais aussi du classique ou du rock.
Je suis aussi féru de Bande dessinée, ce à quoi je me destinais jusqu’à mes 18 ans avant de rentrer aux Beaux-Arts. J’en lis moins que lorsque j’étais ado mais cela reste un champs des arts visuels qui infuse ma pratique. Je trouve toujours très inspirant de voir comment les auteurs de BD trouvent des logiques de simplification et d’altération du réel. De la même façon il y a souvent de vraies trouvailles en terme de colorisation, des choses assez radicales même dans de vieilles BD comme Lucky Luke où parfois une case va être coloriée tout en vert ou tout en rouge avant que l’on revienne à une colorisation plus classique sur la case suivante.
Mon premier «choc» pictural ce doit être Van Gogh quand j’avais à peu près 5 ans. Aujourd’hui je suis sensible aux peintures de Hockney, Katz, Tuymans, Sasnal, Eitel...et pleins d’autres, la liste ne pourrait pas être exhaustive.
Par ailleurs je suis un grand fan de foot et de sport en général et je vois une analogie possible entre le cheminement de l’artiste et celui du sportif. Dans la logique de performance, de dépassement de soi, de rigueur, d’effort...Mais aussi dans les facteurs de réussites qui sont multiples et pour certains liés à une certaine forme de déterminisme, ou à l’inverse, de chance.
Avez-vous des projets à venir ou en cours à nous partager?
Pour ce qui de l’évolution de ma pratique je commence à m’ouvrir à de nouveau support, à sortir du format chassis entoilé. J’ai de plus en plus envie de travailler in-situ ou d’expérimenter des supports tels que la pierre ou le plâtre. Quant à mon actualité je participe à trois expositions collectives dans les mois qui viennent. Une au Houloc à Aubervilliers, la deuxième à Nantes aux ateliers de la Ville en bois et la troisième au Shed et à l’Académie à Rouen.
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