Exposition du 24 au 28 octobre 2023
15 rue Guénégaud 75006 PARIS
Galerie Elsa Meunier est heureuse de présenter « Window », une exposition collective mettant en dialogue les travaux de quatre peintres : Marion Chaillou (Paris), Thiago Hattnher (São Paulo), Anne Carney Raines (Londres) et Lucas Talbotier (Paris).
Ces quatre artistes ont pour intérêt commun la représentation de moments personnels vécus. L’exposition « Window » souhaite mettre en perspective ces diverses interprétations, oscillant entre souvenirs et réalité. La peinture ouvre ainsi la voie à une nouvelle manière de les matérialiser. Et la surface picturale devient tour à tour une fenêtre, une vignette, une ouverture sur ces souvenirs.
Lucas Talbotier, diplômé des Beaux-Arts de Paris, peint des paysages abstraits. Ces derniers matérialisent des sensations immatérielles et fixent ses souvenirs de ces lieux traversés. Sur la surface picturale, il ne reste du paysage que les teintes, l’essence de ce qui persiste en mémoire malgré le temps et la distance avec celui-ci. Si le peintre, à travers ses représentations, donne parfois quelque repères figuratifs (une branche, une feuille, un tronc d’arbre) il ne retient que l’essentiel et tient toujours à distance le regardeur. « On ne se rappelle que de peu de choses. Je me concentre donc sur ces souvenirs, le reste est une grande lumière qui se dépose sur la toile comme un voile. » explique le peintre. En effet, Lucas Talbotier trouble toujours leur appréhension en procédant systématiquement à leur recouvrement par des pigments blancs. Ce principe crée un rythme de lecture de ses compositions entre apparition et disparition, ouvrant en quelque sorte de fines percées sur un paysage qu’on imagine bien plus vaste et infini.
Si Anne Carney Raines réalise, quant à elle, un travail bien plus figuratif que celui de Lucas Talbotier, l’artiste américaine recourt également à certains procédés pour jouer avec l’appréhension des paysages. Ils sont caractérisés notamment par la juxtaposition, au sein d’une même composition, d’un paysage réaliste - souvent relayé au fond et délimité dans un espace restreint – avec un décor géométrique. Ce dernier, fait d’un enchevêtrement de pans, vient structurer et rompre l’appréhension directe du paysage en usant du trompe l’œil. L’artiste crée ainsi une tension et une confusion entre ce qui est réaliste et fictif. Le décor prend ici une dimension théâtrale et devient une parade pour questionner ce qui est réaliste ou non en peinture.
Cette façon d’appréhender l’espace pictural se retrouve dans le travail de l’artiste brésilien Thiago Hattnher dont la particularité est de ne pas concevoir l’espace comme unique. Au contraire, l’artiste cherche à échapper à une narration linéaire. Son travail pourrait alors s’apparenter à celui d’un collage pour l’autonomie qu’acquièrent les différents éléments coexistants sur une même surface. Impliquant une lecture ralentie et attentive du tableau, les différents sujets représentés sont empreints d’un univers silencieux. De petites vignettes, représentant parfois des petits paysages parfois des natures mortes, créent aussi un effet de trompe-l’oeil. Ces vignettes, tantôt semblent ouvrir l’espace et créer de la profondeur, tantôt arrêtent le regard. Leurs petites dimensions invitent le regardeur à s’approcher et à les considérer l’une après l’autre.
Chez la peintre française Marion Chaillou, les motifs, également représentés en petites dimensions, se déploient tels les vignettes d’un journal intime. L’artiste représente des images quotidiennes, des fragments de vie puisés directement dans sa photothèque numérique, et qui ont été captés comme autant de détails bruts par la caméra. Reproduits sur de petites surfaces de papiers et collés sur des panneaux de bois de la taille de l’écran de son smartphone, ils se révèlent avec la matière picturale tout en matérialisant la culture de l’image en masse, largement partagée et diffusée et qui crée une nouvelle réalité : celle bâtie à travers l’écran.
Dans les œuvres de l’exposition Window, la question de l’ouverture entre les espaces est très forte. Si, dans l’espace bi-dimensionnel de la toile, le sujet paraît traité sans perspective, une échappée mentale se crée vers l’espace infini de l’imagination.
Elsa Meunier