Commissariat : Elsa Meunier - Dans les yeux d'Elsa
Galerie Mathilde Le Coz
Une exposition collective d’artistes émergents issus de la scène européenne et outre-Atlantique organisée par la galerie Mathilde Le Coz en partenariat avec Dans les yeux d’Elsa - avec Nino Kapanadze, Johan Larnouhet, Aubrey Levinthal, Tatiana Pozzo Di Borgo et Norma Trif.
Que ce soit la représentation d’objets du quotidien (une tasse, des oeufs, une page de livre), d’espaces familiers (un atelier ou un intérieur connu), ou la portraiture de proches (Garance, Mélissa & Christian), Nino Kapanadze, Johan Larnouhet, Aubrey Levinthal, Tatiana Pozzo Di Borgo et Norma Trif travaillent sur leur environnement immédiat et les éléments sensibles qui le compose. La galerie Mathilde Le Coz & Dans les yeux d’Elsa réunissent pour la première fois les peintures de ces cinq artistes - Français, Américains, Roumains et Géorgiens - qui choisissent de peindre ce monde fréquenté, connu et accessible et qui donnent à voir leur répertoire d’images.
Where I Gaze est une exposition où la proximité psychologique ou physique d’un élément détermine sa valeur picturale. Que ce soit les serres de Norma Trif, les oeufs de Tatiana Pozzo Di Borgo ou les tasses de Johan Larnouhet, la sérialité et la répétition du même motif permet de laisser libre champ à une méthodique exploration formelle. L’apparente banalité du sujet comme sa récidive exacerbent l’attention portée sur son exécution. Déclinée en une infinité de variations comme des gammes ou des exercices de styles, la peinture devient alors son sujet propre.
Mais pas seulement. Cette focalisation sur l’objet du quotidien s’étend à l’espace familier et intérieur et permet une exploration psychologique du motif. Que ce soit Tatiana Pozzo Di Borgo peignant ce qu’elle trouve dans son atelier (oeufs, tabliers, miroirs), ou Norma Trif le représentant vidé de toute présence, dépouillé de tout ce qui pourrait distraire de sa puissance évocatrice en tant que lieu de création, le face à face avec l’objet unique ou le lieu autorise l’artiste à un face à face avec lui-même. Aubrey Levinthal va même jusqu’à se peindre régulièrement dans ses intérieurs - brouillée, dissimulée, son autoportrait n’est qu’une évocation subtile, le résidu d’une présence, mais témoigne de la qualité autobiographique de sa peinture.
Ce répertoire d’images de soi devient alors un répertoire d’expériences dont les objets, lieux et modèles portent la mémoire. Commonplace (2022) de Nino Kapanadze n’est autre que le résultat d’une visite au marché au poisson. De même, lorsque Johan Larnouhet ou Norma Trif représentent leurs amis - certes disponibles pour poser - c’est qu’ils sont porteurs de ce qui les lie et de ce qu’ils ont vécu ensemble.
Pour ces cinq artistes, poser son regard sur ces espaces familiers, ces objets du quotidien, peindre ses proches, c’est se servir de ces motifs de proximité, directement accessibles, presque volontairement banalisés comme prétextes à la recherche picturale, stylistique et formelle. Mais au delà de l’exercice, c’est peindre son répertoire d’images, s’observer soi-même et se donner à voir.