Après une inaugurale collaboration curatoriale, la galerie Mathilde Le Coz et la galerie Dans les yeux d’Elsa s’associent pour la première fois pour présenter le travail de trois peintres issus des Beaux-Arts de Paris : Maxime Biou (diplômé en 2019), Marguerite Piard (diplômée en 2020), et Norma Trif (actuellement en 4ème année). Ces peintres s’emparent de sujets, qui par leur universalité, raisonnent chez chacun d’entre nous : l’intimité entre deux êtres, l’amitié, la tendresse, la sororité, le soin... l’exposition Tout près de moi met en dialogue l’approche de ces trois artistes qui partagent une peinture profondément intime. Par leurs compositions dépouillées et la place centrale des figures, ils mettent en avant leur attachement à ces êtres, à ces moments si particuliers ne laissant aucun détails superflus perturber leur appréhension.
Ces trois artistes s’intéressent à la chambre et ce qu’il s’y joue. Tour à tour lieu de solitude, de recueillement, de repos et d’amour, la chambre à coucher est un petit théâtre de l’intime fermé de quatre murs à l’intérieur duquel introspection et liens affectifs sont exprimés dans le plus grand secret. Pour Maxime Biou, la chambre est un espace neutre, sobre, indéfini. Les draps, lorsqu’ils ne découvrent pas ses personnages, sont encore chauds. Leurs plis en disent plus que cette femme ou ce chat qui détournent le regard. Nous, spectateurs, voyeurs à pas feutrés, retenons notre souffle pour ne pas interrompre la densité du silence, observons comme à travers le trou d’une lucarne l’insaisissable empreinte laissée par l’intimité.
Chez Norma Trif cette intimité est partagée. La peintre nous donne accès à ses personnages dans lesquels nous nous reconnaissons. Un ourson en peluche, des portables abandonnés sur un lit, des lunettes de soleil sur une table de chevet...les objets individualisent celles et ceux qui peuplent ces chambres - Norma Trif peint l’attachement, l’amour, l’amitié et la solitude de ceux qui l’entourent. La tendresse qu’elle a pour ses sujets déborde de ses tableaux, les couleurs suaves qu’elle emploie pour les dépeindre enrobent ses figures dont l’affection mutuelle est contagieuse.
Avec ses cadrages serrés sur une partie du corps, une attitude, Marguerite Piard, quant à elle, révèle les vecteurs des émotions indicibles que sont la peau et le geste. Par ce parti-pris, la peintre ne permet plus d’identifier une personne en particulier, ou son genre, il ne s’agit plus de désigner quelqu’un mais bien de traduire et d’exprimer le contact qui lie deux êtres, de matérialiser les sensations du corps. Un corps, principalement le sien, qui invite à porter un nouveau regard sur le nu féminin.
Il y a des instants qu’on aimerait inscrire durablement que les mots ne suffiraient pas à exprimer. Arrêter le temps. Que reste-il de ces moments ? Ce sont souvent des sensations indicibles mais pleinement ancrées dans notre mémoire. Pour Maxime Biou, Norma Trif et Marguerite Piard, la peinture est un moyen de les fixer durablement et de donner corps à ces ressentis intérieurs.
Mathilde Le Coz et Elsa Meunier