Sur une petite surface de papier, Thomas Lesigne fait danser d’infinies touches de couleurs. Lumineuses, elles vibrent devant nos yeux et la surface qui les accueille se fait comme mouvante. Car si Thomas Lesigne fige parfois certains instants, au gré de ses explorations personnelles dans la nature, par la prise de photographies ou par l’écriture, son travail d’aquarelliste, quant à lui, ne semble pas arrêter totalement le temps. Les souvenirs qu’il matérialise prennent une toute autre dimension. Dans chacune de ses créations, le temps donné semble nous échapper. Les couleurs se font libres et diffuses. Tantôt révélatrices, tantôt dissimulatrices d’une forme, les couleurs chez l’artiste suggèrent et permettent au récit de se poursuivre. Vous l’aurez compris, Thomas Lesigne maitrise à merveille la couleur et compose avec elles ces aquarelles qui acquièrent une certaine magie. Elles suggèrent sans trop en dire, elles révèlent tout en cachant. C’est ce constant dialogue qui rend le travail de l’artiste captivant et immense, selon moi.
Thomas Lesigne exalte ce procédé lorsqu’il choisit de fragmenter son récit et de le dérouler sur plusieurs feuilles de papiers. En intégrant une temporalité plus lente à ses narrations, la composition parvient à embrasser un paysage plus vaste. Ainsi, sur des pans isolés, on admire comment l’artiste parvient à saisir la lumière ou les mouvements de la nature. Et, pas à pas, nous entrons, lentement, dans l’atmosphère dans laquelle l’artiste nous invite à en faire l’expérience à notre tour.
Alors, je vous propose d'entrer dans l'univers de ce déambulateur attentif, où les souvenirs se mêlent au rêve et dont sa pratique de l’aquarelle sur papier devient le réceptacle de toutes ses sensations éprouvées.
Thomas Lesigne exalte ce procédé lorsqu’il choisit de fragmenter son récit et de le dérouler sur plusieurs feuilles de papiers. En intégrant une temporalité plus lente à ses narrations, la composition parvient à embrasser un paysage plus vaste. Ainsi, sur des pans isolés, on admire comment l’artiste parvient à saisir la lumière ou les mouvements de la nature. Et, pas à pas, nous entrons, lentement, dans l’atmosphère dans laquelle l’artiste nous invite à en faire l’expérience à notre tour.
Alors, je vous propose d'entrer dans l'univers de ce déambulateur attentif, où les souvenirs se mêlent au rêve et dont sa pratique de l’aquarelle sur papier devient le réceptacle de toutes ses sensations éprouvées.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Thomas Lesigne je suis un dessinateur Français né en 1989, en Avignon. J’ai grandi en Guadeloupe puis dans le sud de la France.
Mon enfance a été ponctuée par des déplacements fréquents dans les Caraïbes et en Amérique Centrale dont je garde de fortes impressions. En particulier le site archéologique de Tikal au Guatemala.
Ma première partie de carrière s’oriente vers les métiers de la restauration. En 2010, j’obtiens mon diplôme de cuisinier à l’Institut Consulaire de formation de Montpellier. Je reprends des études en 2012 et intègre l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans les ateliers de Philippe Cognée et de Tim Eitel, dont je sors diplômé en 2017.
Je vis et travaille à Paris.
Je vis et travaille à Paris.
" L’aquarelle est pour moi un champ d’exploration à part entière où je vais pouvoir improviser dans le choix des couleurs, me surprendre et parfois même me mettre en situation d’échec au regard du document d’origine. "
Thomas Lesigne
L’ensemble de vos créations prennent pour décor la nature où des personnages y sont saisis mais dont on ne parvient pas forcément à identifier. Tantôt présentés de dos, tantôt tronqués au niveau des jambes, voire même au niveau des pieds, vous semblez toujours mettre davantage l’accent sur la représentation de la nature ou de la façon dont le personnage s’y intègre. Figures et décors font pleinement corps. Pouvez-vous nous parler de ce parti pris de représentation?
C’est vrai que la frontalité du portrait m’intéresse peu dans ma pratique du dessin, je donne la primauté à l’atmosphère et à la lumière. Chaque plan délivre une information au spectateur et a pour but d’entraîner le public dans un monde bien particulier.
Je travaille un peu à la manière d’un récit initiatique en littérature, mes personnages, en perdition, sont en quête de repères et avancent dans l’histoire comme dans les cases d’une bd.
Je travaille un peu à la manière d’un récit initiatique en littérature, mes personnages, en perdition, sont en quête de repères et avancent dans l’histoire comme dans les cases d’une bd.
J’utilise les focus sur des parties du corps pour fragmenter mes personnages et retarder leur présentation. Cela me permet également d’introduire un souvenir ou une action dans un espace donné.
Ces images que je mets en scène proviennent d’observation du réel, sur le terrain au gré de mes repérages, mes séjours ou résidences. Les prises de notes dans de nombreux carnets, les photographies argentiques et polaroids me fournissent la matière dans laquelle je puise.
Ces images que je mets en scène proviennent d’observation du réel, sur le terrain au gré de mes repérages, mes séjours ou résidences. Les prises de notes dans de nombreux carnets, les photographies argentiques et polaroids me fournissent la matière dans laquelle je puise.
Vous travaillez le papier mouillé. La surface se fait comme mouvante et les scènes semblent alors comme tangibles comme si tout pouvait venir à se dissiper dans la matière. Cela me fait penser aux reflets d’éléments dans l’eau. L’oeuvre « LA HALTE », par exemple, illustre bien l’idée. Qu’est ce qui vous intéresse personnellement dans cette technique ?
L’univers du dessin est plus libre, plus spontanée et moins construit que la peinture. L’aquarelle est pour moi un champ d’exploration à part entière où je vais pouvoir improviser dans le choix des couleurs, me surprendre et parfois même me mettre en situation d’échec au regard du document d’origine.
Travailler par couches successives et sur un papier humide favorise cette perte de contrôle.
J’adore avoir la sensation que le dessin m’échappe. Les œuvres que j’estime les plus réussies sont souvent le résultat de ces séances de travail où je suis dans cet état d’esprit à la fois distrait et concentré.
J’adore avoir la sensation que le dessin m’échappe. Les œuvres que j’estime les plus réussies sont souvent le résultat de ces séances de travail où je suis dans cet état d’esprit à la fois distrait et concentré.
Ce sont des images qui semblent s’étendre avec lenteur et silence alors que je les travaille dans l’urgence. La question qui se pose alors pour moi en tant que dessinateur est donc de savoir m’arrêter à temps. Comme si j’avais la possibilité de mettre le paysage sur pause, autrement que par la photographie.
Vos narrations sont souvent représentées sur des papiers de petites dimensions. Un processus que vous déclinez pour des narrations plus importantes: vous les morcelez sur plusieurs feuilles de papier. Pourquoi ce choix et que vous plait-il dans une surface assez étroite pour votre travail?
C’est avant tout un jeu d’échelle, du plus petit au plus grand. A minima.
Fragmenter l’image en mosaïque ou en plusieurs formats est une technique de composition comme une autre qui s’inspire du mouvement Cubiste et qu’on retrouvera également dans le travail photographique du peintre David Hockney.
C’est un moyen simple et amusant de renouveler la vision du document d’origine.
Par le dessin et cette technique humide sur plusieurs feuilles de papier et de grains différents je vais pouvoir «bousculer» l’image, lui apporter à la fois une émotion ou une atmosphère particulière et à la fois la rendre instable, vacillante dans son intégralité.
Par le dessin et cette technique humide sur plusieurs feuilles de papier et de grains différents je vais pouvoir «bousculer» l’image, lui apporter à la fois une émotion ou une atmosphère particulière et à la fois la rendre instable, vacillante dans son intégralité.
Vous explorez également la série dans votre travail. Je pense notamment à celle intitulée « Les Marcheurs ». Ce même motif, celui d’un marcheur vu de dos, vous l’avez décliné à trois reprise en travaillant la variation de la lumière à trois moments différents de la journée. Je pense forcément au travail de Claude Monet, qui à travers ses séries, avait également exploré les différentes variations de la lumière en fonction des saisons ou des moments de la journée. Mais, ici, à la différence des oeuvres de Claude Monet qui les observait sur une architecture (cathédrales, les gares) ou dans un paysage naturel inhabité ( les meules), vous, vous insérez toujours une figure: celui d’un homme marchant à travers la nature. Pouvez-vous me parler de ce travail et de votre attachement à la figure ?
En tant que peintre figuratif, dessinateur, il y a des images qui obsèdent et que l’on a envie de voir en peinture ! Cette série des Marcheurs est née à un moment où je regardais beaucoup Claude Monet. J’avais cette envie également de travailler en série, de décliner un même motif en plusieurs versions.
Cette série marque un tournant dans ma pratique. J’ai commencé et terminé cette série pendant le premier confinement en mars 2020 et c’était un vrai retour à la figuration dans ma pratique puisque depuis mon diplôme en 2017 je ne m’étais concentré que sur la question du paysage et de l’architecture.
Certaines de vos oeuvres ont un aspect « lunaire » : sans présence humain, décontextualisées, où la végétation se fait assez rase et la lumière uniforme. Je pense notamment à l’oeuvre « INLAND » ou encore à celle intitulée « La source » qui, par son cadrage, pourrait être apparentée à un cratère. Est-ce que le domaine spatial constitue-il une référence dans vos recherches d’espaces ?
Le domaine spatial est évidemment fascinant, mais n’intervient pas dans mes sources d’inspirations à proprement parlé. Mon travail s’articule surtout autour d’images d’évasions, de voyages.
C’est un voyage en Islande en 2017 qui m’a réellement fait l’effet d’une claque visuelle et qui a inspiré ces deux dessins et de nombreux autres. J’aime énormément les grands espaces où la simplicité de la géographie est réduite à ses éléments: l’air, la terre, l’eau.
C’est un voyage en Islande en 2017 qui m’a réellement fait l’effet d’une claque visuelle et qui a inspiré ces deux dessins et de nombreux autres. J’aime énormément les grands espaces où la simplicité de la géographie est réduite à ses éléments: l’air, la terre, l’eau.
Ces scènes, les imaginez vous ou sont-elles le fruit de vos voyages, d'explorations personnelles dans lesquelles vous puisez des compositions? Pouvez-vous nous décrire votre processus créatif habituel ?
Je travaille uniquement avec des images et documents personnels. Lors de mes voyages, mes séjours ou déplacements je prends des photos argentiques 35mm et polaroids qui me fournissent la matière dans laquelle je vais pouvoir puiser pour la construction de mes images.
Lorsque j’entame une nouvelle série je passe beaucoup de temps à l’atelier à dessiner rapidement mes idées, un peu à la manière d’un story-board ou d’une planche BD. C’est une phase qui dure en moyenne une dizaine de jours et que je nourris de lectures. Puis viennent les premières séances de peintures à l’aquarelle.
J’ai évoqué plus haut une référence à Claude Monet qui semblait influencer votre travail mais avez-vous d’autres artistes que vous aimeriez évoquer comme influence créatrice ?
J’aime beaucoup le peintre Andrew Wyeth, peu connu en France. Cézanne, Luigi Ghirri, Hans op de Beeck, David Altmejd, Moebius, Tacita Dean, David Hockney, Joachim Patinir..
Vous venez de terminer une résidence à la galerie Untitled 1983 qui a donné suite à une exposition et vous présentez actuellement quelques pièces dans l’exposition collective « The Call of the Wild » à la galerie Sabine Bayasli à Paris. Avez-vous d’autres projets à venir à nous partager ?
Je présenterai des œuvres à partir du 27 Mai prochain, aux coté de l’artiste Elisabeth Lincot lors d’un duoshow à la galerie Sobering, à Paris et je prépare également une exposition à la galerie du Crous, à Paris pour la programmation 2021/2022.
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