Un travail de la couleur à la Cy Twombly, une brutalité naïve de la touche qui nous emmène vers l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat, des sujets et des figures qu’un Pablo Picasso auraient pu dépeindre. L’oeuvre de Simon Buret danse entre cette infinité d’artistes. Son univers ne se rapproche pour autant d’aucun d’entre eux. Sa singularité ? Une virtuose spontanéité qui fait de chaque oeuvre une pièce à part entière. 
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Foisonnantes de symboles, exhaussés par une gamme de couleurs illimitée et une liberté du trait, Simon Buret arrête le temps pour toucher nos émotions. 
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Pour cette rentrée 2021, nous sommes très heureuses de vous présenter l’artiste et musicien Simon Buret, dont l’oeuvre libre n’est régit que par une “ balance générale, l’équilibre dans le format, et le poids du sujet” ».

L'artiste Simon Buret


Pouvez-vous vous présenter?
Je m'appelle Simon, j'ai grandi entre Paris et les Etats unis; Je vis aujourd'hui entre la France et la Grèce. 
J'aime que la vie me traverse, j'aime donner de l'importance à la nature et aux autres vivants qui peuplent ce monde ; tout ce qui est organique ; j'aime les livres sur papier plutôt que sur écran, le café, les terrasses, ( bon, cette année elles sont plutôt.. sauvages),  le bruit du monde , et l'inconnu(e).
Je suis plutôt rêveur, j'ai quelques utopies persistantes dans ma poche, j'aime le mouvement, tout ce qui fait qu'on se ressent vivant. 
Dans mon travail, j'essaye d'être au plus proche de mes émotions, d'en arrêter la course;  de les saisir et de les poser, d'en faire matière; 
J'ai l'idée que chacun porte un lui un monde invisible et que le travail de l'artiste, le créatif, consiste à traverser cet invisible, pour en ramener quelques témoignages, et les partager en pleine lumière. Peu importe le médium. 

Dans plusieurs de vos créations, nous remarquons que certaines zones donnent l’impression d’être  «  inachevées », elles ne sont pas révélées par la couleur. Et parfois vous jouez avec cette impression en imitant la couleur du support ou dessinez par-dessus la couleur apposée. Parties dessinées et colorées rythment vos compositions.  Pourriez-vous nous expliquer votre recherche picturale et artistique ? 

L'inachevé pour moi consiste à accepter la suite, l'avant ou l'après; ce que je saisi n'est que "temporaire" 
J'aime tenter d'arrêter le temps un instant, la dynamique qui en ressort m'intéresse; arrêter le mouvement d'un corps , d'un geste ; marquer en peinture ou au trait la course multiple d'un action; en quelque sorte la ralentir, ou l'accélérer comme un arrêt sur image multiple. Pour ce qui est de la couleur, je choisis des papier ou des toiles dont la couleur initiale me plait, comme squelette de départ, aussi je crois que l'absence de couleur devient une couleur en elle même. Tout dépend de ce qui est posé comme matière à côté. Un bleu ne résonnera pas de la même manière à côté d'un rouge, ou d'un vide etc ... Ce qui m'importe c'est la résonance de l'ensemble, la "balance" générale dans la cadre défini par le format initial. Je n'ai pas de "recherche particulière" si ce n'est "matièrer" ce qui me traverse , me rendre disponible, et raconter mon invisible de l'instant .
“twilight shores” 41x30cm, acrylic•ink•greasy chalk; charcoal nights and the shore’s lullaby.
“twilight shores” 41x30cm, acrylic•ink•greasy chalk; charcoal nights and the shore’s lullaby.
Votre œuvre est majoritairement figurative mais pour autant nous n’avons pas de repères spatio-temporels. Vos figures côtoient toujours des objets, des animaux et des éléments graphiques. L’oiseau, les crânes d’animaux, les mains ou encore les bouteilles reviennent souvent. Toutes ces formes tendent à s’imbriquer et à se fondre dans vos  compositions. Une atmosphère surréaliste s’en dégage. Pourriez-vous nous partager votre processus créatif et nous expliquer si certains de ces éléments ont un symbole particulier ? 

J'aime travailler sur l'espace temps, le cycle simple de la journée, matin après midi, nuit ou des saisons qui passent. Je n'ai pas l'envie de marquer une année ou un style de vie particulier par des vêtements ou des codes sociaux, je crois que plus le champ est libre, plus on peut se l'approprier . 
Chaque élément posé est un symbole mais aussi j'attrape des mots, des actions, des messages dans la littérature d'un livre que je suis entrain de lire à ce moment là et qui m'interpelle,  parfois, ou à la radio, ou un message que je vois inscrit quelque part, ça me plait de le retranscrire sur la peinture que je fais à ce moment là, même s'il n'y a pas de lien direct ; le tout formera ainsi un moment cohérent entre ce qui se passait à l'intérieur de moi et ce qui se trouvait à l'extérieur.
Je suis souvent surpris du retour des lecteurs.  J'aime beaucoup laisser la porte à l'interprétation, comme j'ai pu le faire moi même avec d'autres travaux, car c'est ainsi qu'une oeuvre nous parle ; aussi je ne veux pas raconter en détail trop de choses littéralement, mais je dirais que tout est symbole, oui. De la bouteille vide à l'oiseau, de la main tendue à la position des corps racontent des moments que j'ai traversés, des obsessions, des fantasmes ou des peurs. Souvent ça part d'un rêve, parfois d'une scène dont j'ai été témoin et qui marque mon inconscient, pour revenir en peinture. 

« Bliss on white plastic chair », 42x30cm, acrylic, ink on paper
« Bliss on white plastic chair », 42x30cm, acrylic, ink on paper
“Elle entend la mer” 42 x30 cm, acrylic , ink, the muttering seas, seashell singings, Opera’s shell on paper
“Elle entend la mer” 42 x30 cm, acrylic , ink, the muttering seas, seashell singings, Opera’s shell on paper
Pourriez-vous nous parler du rôle et de votre usage de la couleur? Nous remarquons qu’elle n’est jamais uniforme et semble révéler chaque fois une zone en particulier, laissant une part importante au blanc. 

Le blanc et le noir sont aussi des couleurs pour moi .
Ce qui m'intéresse c'est que ce que je raconte en couleurs qui marquent l'émotion lancée au trait. J'improvise aussi avec l'accident , l'imprévu ... comme pour un voyage traditionnel, en peinture ou dans toute forme de création , même si j'ai une idée au départ, c'est souvent bien loin du résultat final, parfois on est "pris" par ce qui se passe et on doit se laisser porter. 
Je n'ai que deux lois dans mon travail: la balance générale, l'équilibre dans le format et le poids du sujet. Il faut que tout se tienne, qu'on ressente la légèreté d'une aile, le poids d'une bouteille, la lourdeur d'une assise ou au contraire la finesse d'une main posée légèrement sur un corps ..enfin tout ça quoi . 
 « Another night », 29x41cm, gouache, ink, pencil
« Another night », 29x41cm, gouache, ink, pencil
 Quelles sont vos influences artistiques?

Si vous voulez des noms, même si ce n'est pas directement conscient, j'ai été marqué par  Walt Whitman, de Bukowski, de Rimbaud, Cohen ... Tranströmer, il y en a beaucoup  entouré de Lou Reed et lorsque j'étudiais aux Beaux-Arts, dans les cours d'Histoire de l'art , bien sûr, nan Goldin, Crewdson; Warhol, Basquiat, Picasso, Matisse, Cy Twombly, l'art premier, la mythologie ..
Si vous parlez de vie, la nature, le sacré, la sexualité, l'animalité du monde et des hommes.

Avez-vous des projets en cours ou à venir?

Oui, beaucoup :-) 
“In the wooly hair of grass”, 42x30 cm, acrylic, ink
“In the wooly hair of grass”, 42x30 cm, acrylic, ink
“La Traversée”, 42x30cm Acrylic, pencil, isolation, in the worlds of wonders, under the cracks of dawn.
“La Traversée”, 42x30cm Acrylic, pencil, isolation, in the worlds of wonders, under the cracks of dawn.
« Wild scramble », acrylic, ink, Marrakech red pigments on heavy grain paper
« Wild scramble », acrylic, ink, Marrakech red pigments on heavy grain paper

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