Exposition du 17-21 janvier 2023
15, rue Guénégaud Paris 6
14h-18h
Pour cette troisième exposition, Galerie Elsa Meunier est heureuse de présenter « Part of me » une exposition collective mettant en dialogue de manière inédite le travail de six peintres français et étrangers : Monika Chlebek, Claudio Coltorti, Johan Larnouhet, Lena Long, Margaux Meyer et Victor Pus-Perchaud.
Les peintres contemporains s’emparent du genre traditionnel du portrait et en transgressent les codes. Dans l’histoire de l’art ce genre pictural sert à représenter fidèlement une personnalité, traduire son rang social et sa fonction, mais avec l’avènement de la photographie il n’a eu de cesse de se réinventer. L’être figuré peut être désormais inventé et créé à partir d’images composites ou de son imagination, les cadrages sont repensés (resserrés sur un détail corporel, tronquant la figure..) ne permettant pas l’immédiateté avec le sujet représenté. La genre du portrait a aujourd’hui un autre rôle à jouer : la personne figurée permet de matérialiser et de figurer des questionnements intérieurs, se faire mémoire et empreinte de moments vécus. L'image réalisée peut être aussi prétexte à penser davantage la peinture et à se concentrer sur des préoccupations formelles et le sujet peinture en lui même.
Alors si dans cette exposition, plusieurs toiles s’inscrivent dans un code de représentation propre au genre du portrait (en buste, de trois quarts), leur ambition prend toutefois des distances avec les critères traditionnels. Quand Johan Larnouhet représente des visages qui lui sont familiers, ces derniers sont plongés dans leurs occupations, dans leurs pensées et ne croisent jamais notre regard. Parfois, même, l’artiste procède à des cadrages resserrés sur le visage, à des variations du même portrait d'une peinture à l'autre.. tentant finalement de percer l’intériorité de la personne portraiturée. Chez Margaux Meyer, si les visages qu’elle emprunte sont au départ ceux de son entourage ou même le sien, ses choix de couleurs et de lumière expressives ou l’omission volontaire de certains éléments du visage, énoncent que le portrait en tant que tel dans sa véracité n’est pas son sujet. Il est subordonné à l’expressivité de l’intériorité de ces êtres. Et les éléments corporels comme la peau, les cheveux, viennent le révéler, prenant le pas sur le sujet représenté, leur donnant ainsi une nouvelle individualité. « Pour Tusk, 2022, j’aimais que les cheveux renvoient à quelque chose d’hypnotique, d’animal et de puissant. Ici, les mèches sont aiguisées et les cheveux, protecteurs. » explique Margaux Meyer. Enfin, Victor Pus-Perchaud avec sa série "Portrait d’autoportrait" explore ce genre pictural intimiste et introspectif et lui en donne une autre dimension. « L’autoportrait montre cette mise en scène de l’intimité. C’est pour cette raison que je me suis mis à peindre à partir d’autoportraits photographiques d’autres personnes. » explique le peintre. Ainsi, plutôt que la représentation de soi, l’artiste s’intéresse au genre pour analyser le rapport qu’entretient un être à son image et nous donne accès à son tour à ces visages par la manière dont ces personnes se perçoivent. Par la composition, les cadrages choisis par le peintre, la figure est relayée dans un espace délimité sur la surface et ainsi mise à distance. Par ce parti-pris et le format de petite dimension, le peintre renforce l’intimité du modèle.
Cette notion d’intimité est partagée à plusieurs tableaux de l’exposition « Part of me ». Intimes par le rapport de proximité que les peintres entretiennent avec les sujets peints. La représentation qui en découle ne se veut pas nécessairement explicite ni réaliste. Les portraits réunis dans l’exposition seraient alors une façon de matérialiser ce lien spécial, plutôt que la représentation fidèle et stricte de leurs modèles, ne permettant pas toujours l’accès direct à ces derniers. La figure, le motif, seraient en quelque sorte le portrait d’un souvenir, d’un sentiment éprouvé. Cela se matérialise, parfois, par la représentation de personnes fictives plutôt que réelles pour évoquer ces moments intimes.Par la représentation de personnages, les peintures de Claudio Coltorti ou de Lena Long, cherchent davantage à laisser une empreinte de ces moments passés plutôt qu’à représenter une personne en particulier. Dans le travail de Lena Long le visage peut aussi se faire parfois absent et ce sont les objets qui prennent le relais pour décrire les êtres que la peintre évoque. Quant à Claudio Coltorti, on retrouve dans sa peinture un même personnage dans des compositions variées qui tendent parfois à l’abstraction. Ce sont des instants intimes de repos qui sont portraiturés. Les mains immenses cadrent l’image et sont comme un sas entre le regardeur et le personnage. La touche, l’usage de la lumière et les repentirs laissés visibles donnent beaucoup de vie à ces scènes. Si ces instants sont personnels, le peintre garde une certaine réserve et va à l’essentiel. Son langage visuel, en parlant d’expériences universelles, est accessible à tout un chacun. Et c’est à travers le regard particulièrement tendre et bienveillant de Claudio Coltorti que l’on regarde à notre tour ces moments. Monika Chlebek cherche également l’essentiel, marquée par des détails chez ses sujets. Tous issus du réels, ils se succèdent par des cadrages resserrés et des compositions épurées. Peintures de fragments, ses oeuvres représentant des éléments du corps ne nous donnant accès qu’à une partie d’une scène qu’on imagine bien plus grande, préservant en quelque sorte son lien avec eux.
Elsa Meunier