« Le choix de la peinture s'est cristallisé pendant mes années d’études dans le lycée d’art que j’ai fréquenté en Roumanie. » m’explique Norma Trif.

C’est alors à Paris que la peintre décide de se former et de se consacrer pleinement à la peinture. Après un an de prépa artistique et une fois reçue aux Beaux-Arts de Paris, Norma Trif intègre l’atelier de peinture de Tim Eitel et l’atelier de fresque de Philippe Bennequin.

Le travail de la peintre roumaine se caractérise notamment par son regard singulier et sensible sur les choses, les objets mais aussi les espaces et personnes qui traversent sa vie et l’accompagnent au quotidien. Dans un temps suspendu, ces éléments et sujets acquièrent dans son œuvre une nouvelle dimension voire une nouvelle essence. Teintés de nostalgie, si ces représentations donnent l’idée d’un arrêt sur le temps c’est aussi l’idée d’un temps qui s’étire et qui résiste. L’exploration de ce sujet à travers la sérialité en témoigne. De plus, le choix de la peintre de représenter ces moments quotidiens sur fresque en cristallise l’idée et le sens qu’elle souhaite leur attribuer.

Actuellement une sélection de son travail est présenté à l'exposition « Where I Gaze ». Une exposition collective que j’ai commissariée pour la galerie @mathildemlecoz . 

Norma Trif

Peux-tu te présenter? 

Je suis née en Roumanie, en 1998. Après avoir fini le lycée, j’ai décidé de déménager à Paris pour continuer mes études. J’ai suivi les classes préparatoires des Beaux-Arts de Paris, la Via Ferrata, avant d’entrer à l’ENSBA où j’ai intégré l’atelier Tim Eitel et l’atelier de fresque de Philippe Bennequin.
Je trouvais plaisir et soulagement depuis l’enfance de me servir du dessin,de la peinture et de la musique comme formes d’expression. Le choix de la peinture s'est cristallisé pendant mes années d’études dans le lycée d’art que j’ai fréquenté en Roumanie.

" J’essaye de porter un regard personnel et unique quand je commence à peindre mes sujets. Je n’y arrive pas tout le temps, mais je trouve que c’est important parfois d’oublier les références et d’essayer d’approcher le sujet avec de « nouveaux yeux.  
Norma Trif 
Autoportrait, 2021, huile sur bois 27 x 22 cm
Autoportrait, 2021, huile sur bois 27 x 22 cm
Sur l’espace de la toile tu isoles souvent des éléments ou objets qui nous entourent au quotidien : page de livre, séparateur de voies.. Qu’est ce qui t’intéresse dans ces éléments et objets ?

Ce sont des objets du quotidien qui ont une valeur émotionnelle pour moi.
En les isolant sur l’espace de la toile, j’essaye de leur donner une place plus importante en invitant le spectateur à porter une nouvelle forme de lecture sur l’objet souvent très banal.

Par ce procédé de prélever des éléments de notre réalité et de les isoler sur l’espace de la toile sur un fond neutre,  tu leur donnes une nouvelle individualité avec de nouvelles propriétés. Quel regard portes-tu sur ces éléments?

Que ce soit des plantes séchées, des allumettes ou une aile d’oiseau, je cherche à leur donner de l’autonomie, sur un fond neutre, souvent très mat en essayant d’évoquer un arrêt dans le temps, un instant figé, un moment suspendu. 
Aile d’oiseau, 2020, huile sur toile 22 x 27 cm
Aile d’oiseau, 2020, huile sur toile 22 x 27 cm
Séparateur de voie I, 2020 huile sur toile, 22 x 27 cm
Séparateur de voie I, 2020 huile sur toile, 22 x 27 cm
Tu sembles aussi intéressée par la représentation d’espaces de vie intérieurs: atelier, serres .. mais sur tes oeuvres ils sont présentés inhabités. Pourquoi ce choix ? Et qu’est-ce qui t’intéresse dans ces espaces ?

Ce qui m’intéresse dans ces espaces c’est l’ambiguïté qui se dégage par l’absence et la présence de l’homme. Ce sont des lieux qui évoquent la trace de personnes, mais d’une façon silencieuse puisque la représentation humaine est manquante.


Tu travailles également régulièrement par série: Serres, Pieces of a broken Tumblr wall, Family Tree… Que permet la série dans ton travail et ta recherche ? Et que souhaites-tu transmettre à travers elles?

La sérialité me permet d’approfondir le sujet de mes recherches. Je présente souvent mes tableaux en série comme un ensemble et je m’intéresse à la façon dont ils occupent l’espace. Cela permet différents degrés de lecture qui évoluent au fur et à mesure que le spectateur découvre les pièces.

Ce procédé de la série tu le réalises autant sur fresques que sur toiles. Qu’est-ce qui va déterminer ton choix de travailler plus sur l’un de ces deux supports? Et qu’est-ce qui t’intéresse dans la technique de la fresque?

Je questionne la durabilité de mes œuvres, en huile ainsi qu’en fresque. La peinture à la fresque m’intrigue par la sensibilité qu’elle dégage. C’est une technique ancienne, résistante dans le temps mais à la fois très fragile quand on la travaille sur des supports portables. On peut arriver à faire des transparences uniques, qu’on ne peut pas retrouver ailleurs.

Peux tu nous décrire ton processus créatif habituel?

Je ne considère pas que j’aie un processus protocolaire et bien défini dans la manière dont je travaille. Chaque œuvre et chaque série naît d’une démarche différente. Dans le travail des portraits c’est toujours une intention assez réfléchie. Je choisis le modèle en amont, je réfléchis sur l’espace qui l’entoure. Au départ je fais souvent des esquisses ainsi que des photos que j’utilise pour la réalisation de mes peintures
 Gabrieli lisant, 2020, huile sur toile,  100 x 70 cm
Gabrieli lisant, 2020, huile sur toile, 100 x 70 cm

Ton travail semble marqué par le souvenir. Cela se ressent par la palette que tu emploies, par la manière dont tu représentes tes personnages dans ta série Family tree mais aussi par la représentation de certains mobiliers liés à l’enfance. Ton travail du fragment en fresque ta série « Pieces of a broken Tumblr wall » semble  le souligner également. Tous   semblent partager l’idée de vouloir matérialiser des éléments issus du passés. 
Est-ce le cas ?

Oui, tout à fait. En effet mes œuvres sont imbibées par le souvenir. C’est un thème récurrent dans mon travail.

Quelles sont tes principales inspirations?

J’ai plein d’inspirations. Je regarde beaucoup les jeunes peintres de la scène française contemporaine. J’adore le travail de Nathanaëlle Herbelin, Elene Shatberashvili et Cecilia Granara, j’ai appris beaucoup en les regardant. Morandi, Matisse, Bonnard m’inspire en permanence. Je m’intéresse beaucoup à ce que mes amis d’atelier font aux beaux-arts, en même temps, j’essaye de porter un regard personnel et unique quand je commence à peindre mes sujets. Je n’y arrive pas tout le temps, mais je trouve que c’est important parfois d’oublier les références et d’essayer d’approcher le sujet avec de « nouveaux yeux».  
Where I Gaze
Nino Kapanadze, Johan Larnouhet, Norma Trif, Tatiana Pozzo di Borgo & Aubrey Levinthal
Galerie Mathilde Le Coz 
Commissariat d'Elsa Meunier

Exposition : 28.09 - 16.10
11 rue Michel-Comte 
75011 Paris 

Retrouvez toutes les oeuvres de Norma Trif sur sa page instagram: 
 Atelier, 2019, huile sur toile, 110 x 90 cm
Atelier, 2019, huile sur toile, 110 x 90 cm
Norma Trif, Fenêtre, 2020, huile sur toile, 54 x 65 cm
Norma Trif, Fenêtre, 2020, huile sur toile, 54 x 65 cm
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Family tree (series) / 2020, 16 x 23 cm, oil on canvas
Back to Top