Cette semaine, je suis ravie de partager mon entretien avec le peintre français Julien Heintz.
En dernière année à l’école des Beaux-Arts de Paris, l’artiste réalise un travail pictural saisissant. Le geste, la texture et l’appréhension des figures y sont remarquables. Le peintre parvient à saisir ce que l’œil ne perçoit : celui d’un infime mouvement d’un être, celui d’un passage furtif. C’est une temporalité qui nous échappe dans la réalité et qui s’attarde dans la peinture de Julien Heintz.
S’intéressant particulièrement aux documentaires historiques, dont il emprunte certaines figures, nous retrouvons dans sa peinture certaines caractéristiques propres à l’image animée et mécanique: la séquence, l’arrêt, l’impression de « flou », l’étirement. Mais l’artiste va plus loin en les accentuant picturalement, donnant à ces images l’impression de se poursuivre et un caractère vibrant. Les coups de pinceaux étirent la figure, renforcent la disparition de cette dernière et exaltent son anonymat.
Alors que reste-il de ce passage éphémère ? Parfois quelque traits en relief et d’autres fois les contours d’une silhouette, elle-même disparaissant peu à peu dans la matière. Par les couleurs sombres utilisées, l’opacité entre figures et fonds et la difficulté de percevoir un visage, Julien Heintz invite pleinement le spectateur à observer, à se saisir de sa peinture.
Avec Julien Hientz nous sommes revenus sur son parcours, sur ses recherches picturales, ses principales références personnelles et artistiques mais aussi sur processus artistique.
En dernière année à l’école des Beaux-Arts de Paris, l’artiste réalise un travail pictural saisissant. Le geste, la texture et l’appréhension des figures y sont remarquables. Le peintre parvient à saisir ce que l’œil ne perçoit : celui d’un infime mouvement d’un être, celui d’un passage furtif. C’est une temporalité qui nous échappe dans la réalité et qui s’attarde dans la peinture de Julien Heintz.
S’intéressant particulièrement aux documentaires historiques, dont il emprunte certaines figures, nous retrouvons dans sa peinture certaines caractéristiques propres à l’image animée et mécanique: la séquence, l’arrêt, l’impression de « flou », l’étirement. Mais l’artiste va plus loin en les accentuant picturalement, donnant à ces images l’impression de se poursuivre et un caractère vibrant. Les coups de pinceaux étirent la figure, renforcent la disparition de cette dernière et exaltent son anonymat.
Alors que reste-il de ce passage éphémère ? Parfois quelque traits en relief et d’autres fois les contours d’une silhouette, elle-même disparaissant peu à peu dans la matière. Par les couleurs sombres utilisées, l’opacité entre figures et fonds et la difficulté de percevoir un visage, Julien Heintz invite pleinement le spectateur à observer, à se saisir de sa peinture.
Avec Julien Hientz nous sommes revenus sur son parcours, sur ses recherches picturales, ses principales références personnelles et artistiques mais aussi sur processus artistique.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Julien Heintz, je vis et je travaille à Paris. Je suis en cinquième année aux Beaux -Arts de Paris où j’ai décidé, dès la première année, de peindre dans l’atelier de James Rielly. J’ai toujours dessiné et peint, notamment avec mon Grand-père. Ça a donc été naturel pour moi d’intégrer les Beaux-Arts. Mais c’est en rencontrant les bonnes personnes qui m’ont montré ce qu’était la peinture à l’huile, ses qualités de temps de séchage, son côté artisanal avec le broyage des pigments ou préparer soi-même sa toile, que j’ai vraiment décidé de continuer.
Sur des surfaces de petites dimensions et selon un cadrage resserré, tu étires de façon horizontale la représentation d’un visage d’un personnage. Par son aplanissement, le visage épouse la planéité du support dont seuls quelques éléments du visages restent parfois en relief. Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce parti pris de représentation?
Je me vois mal peindre d’une manière différente avec les images références que j’aies, bien que je ne cherche pas à représenter de manière fidèle la personne que je peins. C’est le caractère troublant (austère) du moment saisi dans le documentaire qui m’intéresse. Je peins ce moment figé mais ma référence se passe dans une temporalité, je ne veux donc pas immobiliser l’instant comme une « photo » le ferait. C’est très inconscient de peindre de cette manière, je ne cherche pas le « flou » ou plutôt un trait de visage particulier ; je cherche à isoler l’individu anonyme dans la fonction humaine de groupe.
A travers ce travail, la surface nous apparaît alors particulièrement vibrante et mouvante. Mais plus que vivantes, tes peintures semblent davantage matérialiser l’empreinte d’un passage créant un aspect spectral. Ce sont les tonalités et la lumière employées qui le renforcent. Peux-tu nous décrire ta recherche et ton processus artistique qui t’a amené peu à peu à ce travail? Travailles-tu à partir de tes souvenirs ?
Je suis un grand passionné d’Histoire. Je focalise principalement mes recherches sur les années 1920-1960 avec des documentaires ou des pellicules photographiques. J’ai donc une grande quantité de captures d’écrans et, quelque part, j’aime à penser que si je devais rassembler des documents anthropologiques – une sorte d’état des lieux – je prendrais ces moments : des tests nucléaires, des vidéos de propagandes, la grande famine en Ukraine, mais aussi des événements plus anodins, comme la fabrication du pain en 1962 dans des usines anglaises, une thérapie de groupe dans les années 1980, … Comme je le disais dans la réponse précédente, je cherche à isoler un individu anonyme qui participe à ces moments et à passer par la peinture.
D’autres de tes peintures présentent souvent un visage ou une silhouette mais qui, cette fois, semble plongé et disparaître dans la matière, traits et contours sont aplanis. Figures et fonds y sont traités dans des tonalités similaires créant une certaine opacité entre leur représentation et le regardeur. Il y a finalement, comme pour les peintures évoquées plus haut, une mise à distance avec ce qui est représenté et un rapport étroit entre figuration et abstraction. Qu’est-ce que tu souhaites susciter chez le regardeur ?
De par son origine, l’individu anonyme n’est plus que sa fonction, et avec la couleur, je les fonds sur un format et je m’efforce d’imprégner ce visage ou ce corps.
Je garde vraiment ce passage de vidéo en tête quand je peins une personne, il y a un rôle d’acteur dans lequel la place de l’émotion prend une importance primordiale. Mais je préfère parler d’ambiance, de lyrisme, encore une fois quelque chose de temporel, que je ne veux surtout pas figer.
La peinture évolue constamment, je me laisse guider très naturellement et les peintures peuvent varier.
Quel est ton processus créatif habituel quand tu commences une nouvelle peinture ?
Je prépare mes toiles moi-même avec un mélange de colle de peau, de poudre de marbre et d’eau, qui fait comme une fine couche de plâtre que je ponce pour avoir une surface lisse, mais aussi fragile. Je cherche à avoir un objet unique qui se rapproche de l’artisanat : c’est une étape importante.
Quelles sont tes principales références/inspirations ?
Depuis quelques années, je regarde beaucoup Mark Rothko. Je peux passer beaucoup de temps à regarder ses Seagram Murals à Londres et à lire ses écrits sur son propre travail. Sa dévotion envers son œuvre m’a vraiment inspirée.
Je regarde aussi Howard Hodgkin, Cy Twombly, Louise Bourgeois, Judit Reigl et Léon Spillliaert. Mais aussi beaucoup le cinéma de David Lynch, Denis Villeneuve ou Andreï Tarkovski.
Pour continuer à suivre le travail de Julien Heintz rendez-vous sur sa page instagram : https://www.instagram.com/julienheintz_/