« Je m’intéressais à notre perception du réel à travers tous les outils que nous avions à notre disposition, que ce soit nos ordinateurs, nos téléphones, des logiciels, et comment à partir de tous ces fragments nous reconstruisions notre propre perception », revient Johan Larnouhet, peintre et nouvel invité sur Dans les yeux d'Elsa, sur son travail précédent à l’occasion de notre récent échange.
Si jusqu’à peu Johan Larnouhet construisait et représentait librement des espaces «intérieurs/boites » tels des écrins privilégiés à une nouvelle façon d’observer le monde et d'envisager les éléments le constituant, l’artiste en prolonge cette recherche aux espaces extérieurs et plus précisément à ceux urbains.
Si jusqu’à peu Johan Larnouhet construisait et représentait librement des espaces «intérieurs/boites » tels des écrins privilégiés à une nouvelle façon d’observer le monde et d'envisager les éléments le constituant, l’artiste en prolonge cette recherche aux espaces extérieurs et plus précisément à ceux urbains.
Théâtre de nombreuses mutations, ils offrent constamment de nouvelles perspectives et visages à notre environnement familier. Ainsi, ils ouvrent la voie au peintre vers de nouvelles réflexions picturales sur l’espace et motifs à peindre. Dans ses compositions Johan Larnouhet oscille entre représentation, abstraction et jeu d’échelle, créant ainsi comme de subtils décors. L’artiste y insère regulièrement des personnages vus mystérieusement de dos, nous invitant, à notre tour, à contempler le paysage qui s’ouvre à nous.
La figuration l’intéresse de plus en plus et Johan Larnouet développe avec elle également un travail important du portrait. Ses recherches sur la couleur et les textures donnent à chacun d’entre eux une profondeur et une immédiateté certaine.
Johan Larnouhet est un peintre français originaire de Marseille. Après avoir étudié aux Beaux-Arts de sa ville natale, il intègre ceux de Paris et réalise un échange à la HFBK de Hambourg. L’artiste vit et travaille désormais à Paris.
Le peintre dans cet échange revient sur ses principales influences artistiques qui mêlent différents champs artistiques allant de la peinture au cinéma en passant par la photographie documentaire. L’artiste revient également plus précisément sur son rapport à l’espace et à sa représentation au fil des années.
La figuration l’intéresse de plus en plus et Johan Larnouet développe avec elle également un travail important du portrait. Ses recherches sur la couleur et les textures donnent à chacun d’entre eux une profondeur et une immédiateté certaine.
Johan Larnouhet est un peintre français originaire de Marseille. Après avoir étudié aux Beaux-Arts de sa ville natale, il intègre ceux de Paris et réalise un échange à la HFBK de Hambourg. L’artiste vit et travaille désormais à Paris.
Le peintre dans cet échange revient sur ses principales influences artistiques qui mêlent différents champs artistiques allant de la peinture au cinéma en passant par la photographie documentaire. L’artiste revient également plus précisément sur son rapport à l’espace et à sa représentation au fil des années.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Johan, j’ai grandi à Marseille , où j’ai étudié aux Beaux-arts puis à ceux de Paris. J’ai également effectué un échange à la HFBK de Hamburg.
Le dessin a toujours été un moyen d’expression. La peinture est venue très naturellement par la suite.
" C’est dans l’élaboration de la peinture que je trouve certaines réponses. Le temps d’exécution peut varier d’une peinture à l’autre. Souvent, je travaille sur un temps long, pour me laisser la possibilité de changer d’ajouter des éléments et obtenir une texture qui me convient. "
Johan Larnouhet
Dans tes récentes peintures de grandes dimensions, tu représentes des paysages urbains qui mêlent architectures et espaces en transitions. Une figure vue de dos y prend souvent vie. Qu’est-ce qui t’intéresse dans les paysages urbains ?
C’est un paysage familier, il y a des chantiers tout autour de mon atelier. J’y ressens une certaine forme de mélancolie face à ces paysages en mouvement. C’est aussi un lieu où je peux imaginer des fictions. J’y trouve une grande variété de textures et de motifs qui m’inspirent.
Cela provient aussi de mon intérêt pour la photographie documentaire et des photographes qui se sont intéressés à la question du territoire, notamment les photographes de la DATAR ou les New Topographics.
Avant cela ton travail pictural se concentrait pleinement sur l’architecture et les espaces intérieurs dans des compositions très géométriques. Qu’est-ce qui a déterminé cette évolution dans ton travail?
À ce moment-là, je m’intéressais à notre perception du réel à travers tous les outils que nous avons à notre disposition, que ce soit nos ordinateurs, nos téléphones, des logiciels, et comment à partir de tous ces fragments nous reconstruisons notre propre perception. Ces intérieurs/boîtes me semblaient être une solution pour regrouper dans une même peinture des éléments de sources diverses et avoir des variations de styles tout en ayant une architecture cohérente en apparence. Ces compositions étaient construites à l’aide de logiciels comme Photoshop ou Google sketchup, ce qui ne m’empêchait pas de les modifier pendant l’élaboration de la peinture et d’intégrer aussi des éléments du quotidien.
Cette simplification et la géométrisation de ces espaces m’est venue de mon intérêt pour la peinture des primitifs italiens comme Giotto, les frères Lorenzetti, Simone martini ou encore Duccio, où l’on retrouve ce jeu de construction avec des espaces ouverts parfois sur l’extérieur.
Ton travail de figuration semble assez récent également dans ta pratique. Si comme nous l’avons évoqué plus haut tu poursuis ton travail sur l’architecture et l’espace, tu y intègres désormais une figure. Peux-tu nous expliquer ce qui t’a déterminé à intégrer une figure dans tes compositions ?
Mon désir que les peintures soient plus narratives m’a poussé finalement à y intégrer des figures. C’est un moyen aussi de repeupler ces espaces et de leur en redonner la possession. Cela me permet aussi de créer un lien avec le spectateur et qu’il puisse s’identifier. Paradoxalement, cette figure est de dos ou elle n’est pas complètement reconnaissable. J’y projette peut être certains qui m’ont fortement marqué notamment chez Wilhelm Hammershoi, dans le miroir d’Andreï Tarkovsky ou encore ces plans séquences dans Elephant de Gus Van Sant, où la caméra flotte derrière les personnages comme dans un jeu vidéo.
Plastiquement, c’est aussi un moyen de travailler le modelé, s’opposant à la rigueur de l’architecture et à la planéité des paysages. C’est aussi une manière s’affranchir de notions supposées s’opposer dans les débats entre la peinture classique et la peinture moderne.
J’ai observé que dans ton travail, les différents plans de l’espace de ta composition sont ramenés sur un même plan. Je pense notamment à l’oeuvre intitulée Terrain vague. Dans ton travail précédent, on perçoit déjà cet intérêt pour ce jeu visuel, où il y a une juxtaposition de plans, comme s’organiserait des panneaux ou encore des tapisseries. Peux-tu nous parler de cette recherche ?
Dans mes anciennes peintures, je remarquais déjà un intérêt pour ces surfaces qui me permettaient d’exprimer la matérialité de la peinture, à travers l’aplatissement et la simplification des compositions, et de renforcer cette intention de collage.
Dans Terrain vague, la profondeur est suggérée seulement par le jeu des échelles, la pente des immeubles et notre connaissance de ces motifs. Cela permet de circuler assez librement et de tisser des liens entre les éléments.
Tu joues aussi parfois avec l’appréhension de l’espace et de sa profondeur. Il y a un jeu visuel entre ce qui est à voir- espace définit - et ce qui est représenté, comme le ferait un peu un trompe-l’œil. Je pense à Evening Star qui trompe notre appréhension de l’espace avec la juxtaposition de plans entre l’écran, le mur et ce qui y est représenté au mur. Qu’est-ce que tu souhaites susciter chez le spectateur avec ce procédé visuel et figuratif ?
Peut-être un sentiment de vertige. Cette manière de concevoir le réel, comme une succession de filtres, me semble amplifiée aujourd’hui par les nombreux prismes à travers lesquels nous l’appréhendons. C’est un procédé qui me permet également de faire cohabiter plusieurs écritures et plusieurs niveaux de représentation au sein d’une même image, de brouiller ainsi la compréhension de l’espace. Je voulais aussi que cela crée un sentiment d’abstraction face à des objets du quotidien par leur simplification et par le choix des couleurs.
Souvent, tes portraits de petites dimensions tu les représentes devant des fonds qui sont assez sombres. Peux-tu nous parler de ton rapport entre le fond et la figure ? La peinture de la Renaissance flamande est-elle une de tes inspirations ?
La couleur des fonds se fait spontanément en fonction des teintes des visages. Cela me permet de ne pas trop avoir d’éléments de repère de temporalité ni de contexte. Elle est souvent modulée, avec des jeux de transparence afin de donner du corps à l’espace autour d’elles et créer une ambiance.
Effectivement, la peinture flamande m’a frappé à travers des artistes comme Memling ou encore Van Eyck, cette manière de simplifier les visages et cet aspect hiératique qui émane des compositions, que je retrouve aussi dans la renaissance italienne, allemande ou encore dans la nouvelle objectivité allemande me touche particulièrement.
Peux-tu nous décrire ton processus créatif habituel?
Généralement, cela part souvent de quelque chose que j’observe dans mon quotidien, je prends une photo pour m’en souvenir, parfois je fais un dessin, je rumine, j’hésite, je fais d’autres essais de composition.
Avant de peindre, je peux dessiner pour mettre en place la composition ou réaliser un photomontage sommaire qui me donnera une direction ou une ambiance.
Ensuite, de manière empirique, c’est dans l’élaboration de la peinture que je trouve certaines réponses. Le temps d’exécution peut varier d’une peinture à l’autre. Souvent, je travaille sur un temps long, pour me laisser la possibilité de changer d’ajouter des éléments et obtenir une texture qui me convient. Aussi pour trouver un équilibre entre la spontanéité de l’exécution et rester à l’écoute ce que je suis en train de faire.
J’ai évoqué plus haut la Renaissance flamande mais as-tu des références, influences que tu aimerais évoquer ?
Beaucoup d’artistes m’ont influencé, à différentes périodes, cela change régulièrement.
Les conversations et les travaux avec mes ami.e.s sont très enrichissantes.
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