Artiste, Ivan Arlaud s’est dédié que très récemment à la peinture. Jusqu’à peu, sa pratique était à la réalisation de films argentiques et à la composition de musiques. C’est sûr les conseils motivés et avisés de son ami et galeriste, Adrien Da Silva Tracanelli, qu’Ivan Arlaud s’est révélé en tant que peintre.
À travers ses peintures dansent de multiples références de l’avant-garde européenne que l’artiste regarde et s’inscrit. Coloriste avéré, Ivan Arlaud traduit aux moyens de couleurs expressionnistes et ce parfois allant jusqu’à l’emploi de monochromes bouleversants, les sentiments de ses personnages. Tantôt inquiétantes, tantôt accueillantes, ces atmosphères intimes et envoûtantes rendent la confrontation inévitable avec ses personnages dans une tension souvent palpable.
Ivan Arlaud était mon invité cette semaine et je suis heureuse de vous partager dès à présent notre entretien !
À travers ses peintures dansent de multiples références de l’avant-garde européenne que l’artiste regarde et s’inscrit. Coloriste avéré, Ivan Arlaud traduit aux moyens de couleurs expressionnistes et ce parfois allant jusqu’à l’emploi de monochromes bouleversants, les sentiments de ses personnages. Tantôt inquiétantes, tantôt accueillantes, ces atmosphères intimes et envoûtantes rendent la confrontation inévitable avec ses personnages dans une tension souvent palpable.
Ivan Arlaud était mon invité cette semaine et je suis heureuse de vous partager dès à présent notre entretien !
Pourriez-vous vous présenter?
Je m’appelle Ivan Arlaud, je suis né le 24 aout 1996 à Lyon. J’ai passé un bac d’arts appliqués à La Martinière Diderot Lyon. J’ai ensuite poursuivi mes études en obtenant un diplôme au beaux arts de Grenoble, l’ESAD-GV. Ma venue à la pratique de la peinture s’est faite de manière très tardive. J’ai commencé réellement à peindre en juillet 2019. Jusqu’à ce moment je produisais des films argentiques (16mm et super8) et je composais de la musique. Un jour, Adrien Da Silva Tracanelli un de mes très bons amis est venu me voir en me proposant de travailler avec lui sur une exposition qu’il allait faire dans sa nouvelle galerie d’art grenobloise. Il se souvenait de quelques croquis qu’il avait pu voir de moi et m’a motivé à me lancer corps et âme dans la peinture.
"Je perçois la peinture comme la création d’espace intermédiaire imagé dans lequel l’artiste façonne un imaginaire et où le spectateur peut prendre place avec lui. Cet espace n’a aucune limite et tout l’attrait au rêve."
Ivan Arlaud
Les visages de vos personnages m’interpellent: aux nuances de blancs et rehaussés de couleurs, ils sont tantôt fantomatiques, aux orbites saillantes et tantôt particulièrement « maquillés », mais où l’individualité tend à se perdre. Pourriez-vous me parler de ce parti-pris de représentation?
Le point que vous soulevez est très intéressant. Je fais le choix lorsque je représente un visage de le rendre au maximum neutre. Il n’est pas un prétexte à définir une individualité. Les visages sont donc, par l’emploi des couleurs, des lignes et des angles des supports aux émotions que j’essaie de faire passer. L’individu se précise par les attributs que je lui donne, vêtements, corps dénudé, contexte, mais jamais par son visage. Cela vient peut être de mon idée que ce sont toutes les individualités humaines qui font face à la même et unique immensité du monde.
La représentation de vos personnages féminins me rappelle celle de Kees Van Dongen. Est-il une référence pour vous? Quelles sont vos références artistiques pour votre travail?
Tout à fait, aujourd’hui je pense m’inscrire dans la continuité des pensées des peintres du début 20ème.
C’est une question toujours compliquée car elle demande une réponse plus ou moins précise. J’essaierai donc d’être bref ! Mes références s’avèrent multiples. Pour ce qui est de la peinture je me sens profondément proche des intentions qu’on eut Edvard Munch, Matisse, Picasso, Vallotton, Toulouse-Lautrec …
Je me nourris de lectures principalement philosophiques et des grandes oeuvres littéraires. Merleau-Ponty, Bachelard, Nietzsche, Jankélévitch, Sartre, Heidegger, Hermann Hesse, Dante, Paul Valéry…
J’écoute énormément de musiques. Étant compositeur je sais que la musique offre un rayonnement par capillarité qui influence directement le travail pictural. Pour cela rien de mieux que la musique classique ou électronique.
Vos personnages semblent parfois habités par un sentiment mélancolique, la représentation des corps, leurs attitudes et la palette employée le souligne. Est-ce cela que vous souhaitez traduire dans certaines de vos compositions?
Oui exactement. C’est en quelque sorte malgré moi qu’apparaissent sur le visage de mes personnages des expressions mélancoliques. La comédie humaine est un questionnement perpétuel et elle vibre au rythme d’aller-retour entre mélancolie et lumière. J’aime confronter les deux dans une activation poétique. Ces expressions mélancoliques sont une manière (surement auto-biographique) de représenter l’humilité nécessaire pour faire face à la grande question qu’est la vie.
Vos tableaux paraissent d’ailleurs être parfois issus de rêves. Les traits des visages sont évanescents et nous avons peu de repères spatio-temporels. Certaines de vos compositions en monochrome nous plongent encore plus dans des songes. Est-ce une volonté de votre part de donner un caractère onirique à vos œuvres?
C’est un parti pris oui. Je perçois la peinture comme la création d’espace intermédiaire imagé dans lequel l’artiste façonne un imaginaire et où le spectateur peut prendre place avec lui. Cet espace n’a aucune limite et tout l’attrait au rêve.
Vous travaillez le double portrait. Souvent les corps de vos personnages sont liés, s’imbriquent voire se confondent et tendent alors vers une unité. Que souhaitez-vous traduire ? Et que vous intéresse-il dans ces représentations ?
Il me plait de voir ce qui émane d’une confrontation corporelle. Les corps sont des prétextes à des travaux sur les teintes, la lumière, les lignes, les compositions… Je les perçois comme une matière. Ce sont aussi de merveilleux compagnons, lorsqu’un personnage apparait dans un de mes tableaux il me tient compagnie.
La représentation des mains est particulièrement soulignée : mise au premier plan et disproportionnée. Pourriez-vous en parler?
Plusieurs personnes m’ont fait cette remarque. Il est vrai que mon travail sur les mains est souvent souligné. Comme chez les peintres de la Renaissance qui accordaient cette attention particulière au travail de celles-ci, j’essaie d’interpeller le spectateur sur cette partie particulière du corps. Il existe une réelle métaphysique du toucher qui rend — lorsqu’on s’y penche de plus près — la perception de la main très intéressante. La main se positionne comme zone de contacte avec le monde extérieur et la résistance des choses, elle questionne en même temps la limite de sa corporéité et donc de son être. Par sa position intermédiaire entre le dedans et le dehors elle nous interpelle sur la sensibilité des choses. Derrida nous dit qu’« il n’existe pas de monde sans toucher ». La main est le prolongement du regard, parfois il arrive qu’elle le remplace. C’est un plaisir de pouvoir aborder ces sujets infinis en peinture !
J’ai remarqué que le motif de l’étoile revenait. Ce motif se superpose au sujet initial. L’étoile est-elle un symbole particulier pour vous?
Oui, au delà de leur symbolisme et de leur iconologie c’est une manière pour moi de représenter l’immensité. Lorsqu’il fait nuit et que nous levons la tête au ciel, les étoiles sont nos interlocutrices dans l’obscurité. Parfois je les utilise comme un clin d’oeil qui mentionne le tissu d’infinité dans lequel s’inscrit les scènes de la vie. Ses formes anguleuses apportent beaucoup de dynamisme aux images.
Certaines de vos toiles semblent pouvoir se regrouper par palette de couleurs. Avez-vous des périodes où vous êtes porté par un chromatisme particulier? Peut-on y voir des formes de séries?
Je les vois comme des moments d’études, Il y a des périodes où je vais choisir d’investiguer des teintes de couleurs vertes et bleus. Parfois ce sera autour de teintes jaunes ou terres. La série est donc présente dans l’initiative de recherche.
Malgré la situation sanitaire, avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Oui, même lorsque la situation est compliquée il faut s’efforcer de créer et aller à la rencontre de projets ! J’ai une édition sur mon travail qui va bientôt voir le jour aux Galerie Tracanelli Editions, subventionné par la Fondation Bullukian. J’ai une exposition collective en Italie, DIALOGS2020 pour bientôt et une exposition dans un autre pays étranger en avril sur laquelle je communiquerai bientôt.
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