Le dessin, Camille Deschiens le pratique depuis son plus jeune âge. Un goût pour cette discipline qui s’est intensifié grâce à son entourage, ses découvertes, celle du cinéma, de la peinture, de l’art en général.
Aujourd’hui illustratrice, collaborant régulièrement avec la presse et les maisons d’édition, Camille privilégie le crayon de couleur pour créer ses compositions. Des scènes intimes et silencieuses dont le médium offre une douceur toute particulière.
On plonge cette semaine dans les illustrations de la jeune artiste qui, par des jeux de textures, de couches de crayons, teinte ces scènes de la vie quotidienne d’une nouvelle lumière.
Aujourd’hui illustratrice, collaborant régulièrement avec la presse et les maisons d’édition, Camille privilégie le crayon de couleur pour créer ses compositions. Des scènes intimes et silencieuses dont le médium offre une douceur toute particulière.
On plonge cette semaine dans les illustrations de la jeune artiste qui, par des jeux de textures, de couches de crayons, teinte ces scènes de la vie quotidienne d’une nouvelle lumière.
Pourriez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Camille, j'ai 26 ans et j'habite à Nantes. J'ai passé cinq très belles années d'étude à Strasbourg, à la HEAR où j'ai étudié l'illustration. Je dessine depuis que je suis petite. Ma mère et ma grand-mère, toutes deux passionnées de peinture, m'ont transmis leur intérêt pour l'art, elles m'ont initié au plaisir du musée, elles m'ont donné le goût des jolies choses. Plus tard j'ai découvert le cinéma grâce à ma meilleure amie et à mon père, et c'est de ces différentes influences qu'est née mon envie de faire de l'illustration.
Dans l'ensemble de vos illustrations il y a une impression d'un voile, d'une brume, qui se superpose sur chacune d'entre elles. Il y a une atmosphère mystérieuse et nous avons alors le sentiment d'être projeté dans un songe. Pourquoi représentez-vous chacune de vos scènes de cette façon?
C'est la première fois qu'on me parle d'une brume ou d'un voile. Il y a sans doute dans mes dessins, une sorte de texture, peut-être vaporeuse en effet, c'est simplement dû à mon médium : le crayon de couleur. Je l'utilise très doucement, lentement, je n'appuie jamais sur mon crayon, c'est ce qui confère un grain particulier à mes aplats.
Cette impression est renforcée par la représentation de vos personnages évanescents : sans visage ou certains ont leur silhouette définie par les blancs laissés vides sur votre feuille de papier. Pouvez-vous nous expliquer ce parti-pris dans votre démarche artistique?
J'ai longtemps été attirée par les aplats, plutôt que la ligne. Cela explique, l'absence de visages, ou tout simplement de n'importe quel détail au trait. Je voulais jouer sur des jeux de masses, créer des correspondances entre couleurs, entre formes, et c'était un parti pris radical pour moi de me passer de dessin, de contour, mais de faire en sorte que les aplats entre eux fassent émerger des formes. Depuis je trouve qu'il y a de l'intérêt à marier un peu des deux, de la ligne et de la masse.
Vous réalisez souvent des scènes intimes, très personnelles qui nous projettent dans des moments de vies ( scènes amoureuses, moments de solitudes dans des intérieurs domestiques..). Mais votre point de vue est toujours à distance, comme si vous nous donniez accès à des moments volés avec un certain voyeurisme. Pouvez-vous nous expliquer votre recherche?
J'ai toujours aimé les histoires d'amour, les histoires ordinaires qui parlent de relations, de couples, du quotidien. Ensuite, ce que j'aime raconter, et ce qui me plait dans certains films par exemple, ce sont la pudeur des sentiments, le silence, les doubles lectures, le trouble. Ça me plait de raconter l'intimité d'un moment et cette pudeur qui donne une distance, c'est ma lecture du couple, c'est très personnel.
Vous utilisez principalement les crayons de couleurs. C'est un médium assez peu employé aujourd'hui dans l'illustration à l'heure du digital. Qu’apportent-t-ils à vos dessins ?
L'intérêt du traditionnel c'est que l'on sente le fait main, qu'on voit la matière que laisse un médium sur le grain du papier. En tout cas, moi c'est ce qui m'intéresse. Ensuite, j'utilise le crayon de couleur parce qu'il offre une texture, une douceur particulière. J'aime marier les couleurs entre elles, je travaille en couche, et les couleurs les unes sur les autres en créent de nouvelles. C'est un terrain de jeu inépuisable.
Votre palette de couleurs dans vos dessins est souvent composée du violet, du vert et du bleu et donne à vos dessins un aspect expressionniste. Pouvez-vous nous parler de ces choix chromatiques?
Les couleurs froides me plaisent parce qu'elles sont douces, je les trouve moins violentes que les tons chauds. Je crois que si je devais résumer ce que je cherche en général dans la vie, chez les gens, au cinéma, ou dans les livres ce serait ça, de la douceur. Il n'y a pas de courants de peinture qui m'ait inspiré en particulier. D'ailleurs les tons froids je les rapprocherai plus de Renoir, Monet et de l'impressionnisme que des expressionnistes.
Quelles sont vos influences (aussi bien artistique que dans votre quotidien)?
Le quotidien m'influence beaucoup, il y a des gestes, des lumières, des moments que j'ai envie de dessiner et raconter aux autres. Au cinéma j'aime Desplechin, Rohmer, les contes de la vie banale me plaisent. Les histoires d'humains entre eux qui s'aiment et se déchirent. Ensuite, j'ai été inspirée d'abord beaucoup par Marc Desgrandchamps, pour ses figurent transparentes, bleues. J'ai beaucoup d'idoles, je suis fan de Marion Fayolle, je trouve son travail extrêmement poétique et fin. En musique mes muses sont Barbara et Véronique Sanson, elles m'ont transmis le goût des histoires d'amour, un regard particulier sur la sexualité, la façon dont on peut s'émanciper quand on est une femme, la façon dont on peut se permettre d'appréhender les hommes. Des choses essentielles en fait !
Vous réalisez de nombreuses collaborations dans le domaine littéraire et de la presse. Est-ce que le rapport entre l'image et l'écriture est important pour vous?
C'est un rapport que je trouve passionnant. C'est pour ça que je trouve "Les amours suspendues" de Marion Fayolle, et "Les Rigoles" de Brecht Evens brillantissimes. En ce qui me concerne je maîtrise très mal les mots et l'écriture. Par contre quand je dessine pour un texte je me pose toujours la question de ce que l'image peut apporter en plus. Comment communiquer dans le même sens sans se répéter.
Quels sont vos futurs projets ?
En ce moment j'ai du temps pour moi. Je vais probablement travailler sur une série de petits dessins sur l'ennui, et en faire une édition, ça me plairait beaucoup.
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