Au commencement, il y a cette assiette*. Simple, insignifiante et pourtant essentielle. Elle ouvre la voie à l’artiste vers un travail tourné vers son environnement immédiat : l’espace de l’atelier. Lieu de création mais aussi espace personnel, il devient motif. L’artiste en représente les objets qui l’accompagnent au quotidien et qui peuplent cet espace de travail. Ce sont des objets usuels, un verre, une tasse, des bocaux, mais aussi des objets plus personnels tels que ses livres qui nourrissent sa créativité. Cette représentation sans artifice et sans mise en scène, montre l’attachement de la peintre à enregistrer et compiler des instants vécus, catalysés ici par la représentions d’objets qui, selon les mots de l’artiste, « portent en eux une certaine neutralité tout en étant chargés d’un sentiment d’appartenance ». Ce sont autant d’éléments, qui existent près d’elle et qui se mêlent naturellement à ses outils de travail. C’est cette relation hasardeuse, accidentelle et cette interpénétration entre son univers créatif et celui de son quotidien qui a intéressé la peintre. Ces objets se font en quelque sorte l’intermédiaire entre l’espace clos de l’atelier et le monde extérieur. Les jeux de reflets, de lumières qui les traversent en sont les premiers médiateurs.
Cette interférence entre son monde intérieur et le monde extérieur est ce qui lie l’ensemble du travail de Flora Temnouche. L’atelier est en effet aussi le lieu où l’artiste ingèrent des instants passés, se remémorent des lieux traversés. Ces derniers sont convoqués par une multitude de clichés que la peintre réalise au préalable et conserve précieusement tel un atlas de sa propre vie. Certains de ses tableaux en sont le résultats. Si la composition n’en restitue, cette fois-ci, que des bribes et se focalise sur la couleur, délaissant volontairement leurs contours et leurs représentations mimétiques, il s’agit pour la peintre d’en fixer davantage ses sensations : celles qui restent malgré le temps et se transforment en souvenir. « L’abstraction me permet certainement de condenser le côté évanescent du souvenir visuel qui s’imprègne furtivement au fond de l’œil. (...) Ce qui m’intéresse dans cette idée d’atlas intime ce serait de cantonner mon approche qu’à ce que mes yeux voient », explique-t-elle.
L’exposition personnelle de Flora Temnouche, « Atlas », présente une sélection de peintures qui met en évidence le lien qu’entretien l’artiste avec les choses mais aussi l’atmosphère qui habite des lieux. C’est cette relation, ce va et vient entre immédiateté et souvenir qui se répond entre ses œuvres oscillant entre figuration et abstraction.
Flora Temnouche est une peintre française basée à Bruxelles. Après des études en peinture à Kunstakademie de Düsseldorf l’artiste a exposé son travail dans de nombreuses expositions collectives en France (cité Radieuse, villa Maeterlinck Jean Nouvel, Nice) mais aussi à l’étranger en Europe et aux Etats-Unis (Galerie Philia).