Adrian Geller nous fait le récit d'une fuite du monde moderne et d'un retour à la nature, à travers les figures d'hommes qui se font prolongement de lui-même.
Venus tout droit de la ville, ces « Men in suits » semblent chercher en la nature un refuge, un havre de paix. Ils se lovent dans des buissons. Ils n’ont pas peur des loups. Ils s'intègrent tant bien que mal dans cet environnement imprévisible qui les met à l’épreuve.
Car l’artiste insuffle toute la force à cette nature et à ses habitants indomptables. A travers ses personnages, c’est toute une épopée que l’on suit et l'on observe avec tendresse comment ses personnages-héros parviennent à s’adapter et à faire preuve d’inventivité face à cette apparente hostilité. La nuit offre alors une trêve et efface les épreuves. Elle nous invite à l'apaisement et met en éveil notre imaginaire.
Si ses oeuvres matérialisent des questionnements personnels tels que son rapport à la nature et à l’environnement, elles n'imposent pas une narration explicite, et encore moins moralisatrice. Au contraire, tout en poésie, Adrian Geller emprunte au genre du conte sa dimension merveilleuse à travers ses personnages fantastiques, sa représentation de la nuit et son optimisme sur la réalité. Ses personnages respectueux se plient aux désirs de la nature et tentent de la reconquérir. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer dans le travail pictural d’Adrian Geller un homme aux allures de géant tenant délicatement une plante gracile entre ses mains, ou bien d’observer combien l’homme se fait petit face à la nature qui s’étend à perte de vue.
Venus tout droit de la ville, ces « Men in suits » semblent chercher en la nature un refuge, un havre de paix. Ils se lovent dans des buissons. Ils n’ont pas peur des loups. Ils s'intègrent tant bien que mal dans cet environnement imprévisible qui les met à l’épreuve.
Car l’artiste insuffle toute la force à cette nature et à ses habitants indomptables. A travers ses personnages, c’est toute une épopée que l’on suit et l'on observe avec tendresse comment ses personnages-héros parviennent à s’adapter et à faire preuve d’inventivité face à cette apparente hostilité. La nuit offre alors une trêve et efface les épreuves. Elle nous invite à l'apaisement et met en éveil notre imaginaire.
Si ses oeuvres matérialisent des questionnements personnels tels que son rapport à la nature et à l’environnement, elles n'imposent pas une narration explicite, et encore moins moralisatrice. Au contraire, tout en poésie, Adrian Geller emprunte au genre du conte sa dimension merveilleuse à travers ses personnages fantastiques, sa représentation de la nuit et son optimisme sur la réalité. Ses personnages respectueux se plient aux désirs de la nature et tentent de la reconquérir. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer dans le travail pictural d’Adrian Geller un homme aux allures de géant tenant délicatement une plante gracile entre ses mains, ou bien d’observer combien l’homme se fait petit face à la nature qui s’étend à perte de vue.
Peux-tu te présenter ?
Je suis artiste multidisciplinaire mais avec un coeur qui bat le plus fort pour la peinture. Je suis Suisse d’origine et je suis venu en France pour mes études d’abord en Illustration et ensuite en art plastiques. Je n'ai toujours fait que dessiner et fabriquer des choses avec mes mains donc artiste paraissait depuis toujours un objectif ultime.
" Par mon art, je parle de mon expérience et de mes questionnements. C’est pour cela que je me focalise totalement sur l’homme. "
Adrian Geller
Ton oeuvre picturale est traversée par la rencontre entre un homme, souvent seul, vêtu d’un costume noir, venu tout droit de la ville, et la nature. Comment t’es venu cette idée? Et qu’est-ce qui t’intéresse dans ce contraste entre ces deux univers à priori opposés?
Cette idée ne m’est pas parvenue soudainement, c’était un développement naturel de mon travail. Je pense qu’un travail artistique est déjà prédéfini dès le début. Je fais le travail d’excavation et cherche la silhouette de ce qu’il constitue.
Et naturellement, l’homme en costume en fait parti, il m’aide à comprendre des choses d’une manière très pédagogique.
C’est par le contraste que l’on trouve des conflits aussi. L’environnement naturel et l’homme qui s’en est totalement détaché (cela est le cas depuis le moment où la notion de la propriété est arrivée), je pense que c’est le chagrin principal de notre espèce. C’est le rôle de l’art de s’emparer de ces questions qui ne peuvent être répondues par la science. L’art n’y trouve pas de réponses mais alimente beaucoup mieux les réflexions existentielles.
Par mon art, je parle de mon expérience et de mes questionnements. C’est pour cela que je me focalise totalement sur l’homme. Je pense aussi que l’homme est beaucoup plus responsable de ce détachement que la femme.
Dans tes compositions, les hommes que tu représentes sont soit présentés dans des situations où ils sont mis à l’épreuve (par la nature et ses habitants ; les loups notamment), ou soit ils trouvent en la nature un refuge, la paix. Une véritable symbiose se créée entre eux. Peux-tu nous dire quelques mots sur ces narrations ?
Je pense que je cherche à trouver la façon dont je m’intègre dans la nature. L’idéal ou le pire des éventualités sont illustrés dans mes tableaux et mes objets. Mais sans aucune idée de lequel est lequel. Mon rôle est à travers cet avatar.
Le chien a dès le début été le symbole parfait: l’ami et le loup en même temps. L’agression et la tendresse, le câlin et le croc, ne sont finalement pas si loins que ça. L’humain a sa peur la plus grande dans la perte de sécurité ce qui lui amène énormément d’angoisses et de stresses. Les businessmen dans mes tableaux c’est un peu ça: à quelle hauteur peut-on grimper pour se sentir en sécurité et qu’est-ce qu’y est trop haut d’où on risquerait de tomber? La question est toujours la même, le chien est une version que je trouve très compréhensible.
Dans la série « Men in suits » tes personnages semblent tout droit sortis de contes. Leurs proportions s’affranchissent du réel: leurs membres sont allongés, leurs yeux sont parfois immenses. A travers ce parti pris de représentation que souhaites-tu transmettre ou susciter chez le regardeur ?
C’est leur côté animal. Soit l’animal est beau et mignon, aux grands yeux, soit c’est la bête dangereuse aux yeux perçants. Et les contes prennent un rôle énorme dans mon travail. Les contes rassemblés par les frères Grimm parlent de ces mêmes questions. L’apparence très fantastique de ces hommes dans quelques tableaux me permet aussi de les dissocier de quelque chose de trop temporel ou représentatif. Je n’ai aucune intention de parler de politique ou d’actualité, je ne saurais pas en parler. Les questions dans mon travail sont brulantes, mais il n’y a pas de terrain de conflits. C’est des questions qui ont toujours existé et qui m’obsèdent personnellement dans mon art.
La nuit est également un élément qui semble central dans ton travail pictural. Notamment à travers ta série « Skylines ». Si parfois cela crée une atmosphère toute particulière à tes narrations, je trouve qu’il en émane une intimité et une grande sérénité. Tu réussis à saisir l’intériorité de tes personnages. Peux-tu nous parler de ton rapport aux atmosphères nocturnes dans ton travail ?
La nuit est l’élément central qui représente la peur dans les contes. Elle est mystérieuse, elle est séduisante par sa dangerosité, elle nourrit le fantasme et l’imagination. C’est le moment de repos, d’absence du monde réel qui est en évasion dans le monde des rêves. C’est tellement plus beau d’être dans le noir si l’on est devant un panorama d’une métropole.
Dans de récentes toiles que tu as partagées, tes « Mens in suits » sont concentrés dans un travail de tissage en pleine nature. Peux-nous parler de ce sujet ?
C’est un triptyque que j’ai réalisé à la Villa Noailles quand j’y étais en résidence. Je voulais parler de ralentissement économique et de sophistication humaine. Je suis fasciné par l’inventivité et la patience de l’humain, surtout par les travaux manuels. La méditation et la réflexion sur soi même font entièrement parties du processus de fabrication. Toutes ces heures passées sur une broderie, un tissage ou aussi une peinture, sont contenues et font parties de l’objet final. Sur le triptyque on peut voir les trois stades que j’imagine: l’homme nu en face à face avec le chien, le monde sauvage, l’homme productif, travaillant le métier, dos au spectateur et absent, et l’homme replié sur lui même, dormant sous le métier. L’homme dormant montre une insouciance face à la nature imprévisible.
Nous avons beaucoup parlé de ton travail pictural, mais tu dessines aussi et explore d’autres disciplines comme la vidéo et l’installation, notamment textile. Je remarque dans ces travaux que la nature est toujours un élément central : elle est sujet, décor, motif… Peux-tu nous dire quelques mots sur ton travail d’installations et vidéo en rapport avec la nature?
Mes peintures sont des représentations d’une maquette. Une maquette où j’expérimente ces questions sur notre environnement. Tout ce qui sort de mon travail, qui est objet, est censé être l’objet même ramené de cet univers. Ce sont des objets qui me font avancer quand la simple théorie qui alimente mes peintures ne suffit plue. L’objet rend une partie de tout cela réel. Et en plus elle parle très souvent de ce métier d’art et d’un travail manuel à la matière première pauvre.
Quelles sont tes principales influences artistiques ?
Arnold Böcklin, Kaspar David Friedrich, les romantiques allemands principalement. Wilhelm Sasnal, Marlene Dumas, Matthew Wong, Louis Fratino et Salman Toor. La où je vois une vraie sensibilité à ce qui nous entoure. Alois Carigiet, qui probablement était l’idéal de ce que je voulais faire.
Actuellement tu présentes tes oeuvres à Bruxelles à l’occasion d’un solo show que te consacre la Super Dakota Gallery. As-tu d’autres actualités à venir que tu aimerais nous partager?
Je travaille sur plusieurs expositions qui auront lieu en 2022, avec des artistes aussi dont j’admire énormément le travail. Malheureusement, il est encore un peu tôt pour annoncer des choses concrètes.
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