© Albane Durand-Viel
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«Croire au monde, c’est aussi bien susciter des évènements même petits qui échappent au contrôle, ou faire naître de nouveaux espaces-temps, même de surface ou de volume réduits.»
Gilles Deleuze, entretien avec Toni Negri, Futur antérieur, n°1
La galerie Elsa Meunier (Dans les yeux d’Elsa) est très heureuse de présenter pour la première fois les oeuvres des artistes Julien Heintz (artiste français basé à Paris) et Nicholas Marschner (artiste anglais basé à Berlin); ainsi que celui de la peintre allemande Cécile Lempert, pour la seconde fois, un an après son exposition personnelle avec la galerie.
Julien Heintz, Cécile Lempert et Nicholas Marschner nous emmènent à travers leur art dans des navigations temporelles. En leur sein, la toile permet d’ancrer des paysages, des scènes de vie, des visages, dans un instant qui se déplace sans cesse. Images vaporeuses, mécaniques, archivées, appellent à la mémoire et à l’importance du souvenir. Ces va et vient entre le passé et le présent ont vocation à figer un mouvement, une lueur vivace. Chaque artiste sait extraire son sujet pour l’ancrer dans un nouveau contexte, isolé, qui laisse place à l’interprétation, l’universalité, en dépit de la source, qu’elle soit historique, familiale ou encore rêvée.
Julien Heintz se nourrit de documents historiques relatant de guerres ou de conflits. Par ce biais, il saisit des visages, parfois ceux de soldats, pour les déposer sur la toile. Ainsi il renforce l’anonymat de son sujet, et l’impose. Dès lors, il se meut, s’étire, tel un spectre frémissant, renforcé par un cadrage tronqué, propre à la composition cinématographique. Cette vibration, c’est la charnière qui fait basculer son oeuvre dans l’entre- deux du détail : nous pouvons presque percevoir, presque toucher, ce sentiment que quelque chose nous échappe. Son procédé technique, l’usage de grands pinceaux à brosses passés en succession de couleurs très diluées sur la surface, fait naître en un battement de cil cette pulsation. Récemment, sa volonté d’ancrer davantage ses portraits dans leur temporalité se manifeste dans le titre de ses oeuvres. Par ce procédé, il permet au sujet d’évoquer leur histoire, dans un souci d’égalité d’attention accordé à tous les individus.
Cécile Lempert use du médium photographique comme outil de prédilection au sein de son travail pictural. L’artiste en reprend certaines propriétés, comme son cadrage plus radical, qui s’illustre notamment dans ses compositions en split-screen. En outre, il lui permet d’élever ses sources, familiales, plus intimes, en les alliant à des références iconographiques historiques. Récemment, c’est une œuvre du peintre allemand Wilhelm Leibl (1844-1900) et plus précisément le découpage opéré à partir d’une peinture en plusieurs œuvres autonomes qui a nourri sa dernière série. Par cette étude, Cécile Lempert explore de nouveaux angles de focalisation et élargit ainsi la portée de ses sujets, de leurs représentations. C’est par ce dialogue entre archives et archives personnelles qu’elle trouve l’ouverture vers un récit plus distancié, et dans une temporalité nouvelle, choisie. Ce jeu chronologique lui permet d’explorer le sens des origines, de l’appartenance et des racines, dans le but de mieux comprendre son présent. Son usage de couleurs éthérées et détrempées préserve l’écoulement de ses sujets dans des scènes aqueuses, intangibles.
Nicholas Marschner se plonge dans les souvenirs. Sa toile est le théâtre nocturne de silhouettes flottantes, évoluant au sein de scènes qui nous échappent. En dépeignant ces paysages à l’atmosphère lointaine, floutée, il tente ce que nul ne peut : saisir l’impalpable, revivre le passé, attraper un rêve. Rendre compte de l’évaporé, que seule la mémoire peut sauver, est accompagné de la peinture, pour le conserver à jamais, faire écho à l’inconscient brumeux de chacun.
Par la rencontre entre ces trois artistes, la toile n’aura jamais été aussi mobile. Si elle n’a pas la fluidité d’un écran, elle donne vie à des moments que l’oeil nu ne perçoit pas. C’est le pouvoir de la peinture, celui de diffuser la matière, pour élargir le temps, laisser entrevoir l’infime mouvement dilaté qui crée la vie, pour mieux se poursuivre en dehors du cadre - et sur des plans multiples.

Eloïse Duguay
© Albane Durand-Viel
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Julien Heintz
(Né en 1997 - Paris, France)
Diplômé des Beaux Arts de Paris en juin 2024, Julien Heintz vient de présenter une exposition personnelle chez Pal Project, deux ans après sa première exposition personnelle avec la galerie. Son travail a été également choisi dans plusieurs expositions collectives : chez Pal Project (Paris), Monti 8 (Latina, Italie), JO-HS (Mexico), Galerie John Ferrère (Paris).
Cécile Lempert
(Née en 1994 - Dortmund, Allemagne)
Cécile Lempert est une peintre allemande basée à Cologne. Diplômée de la Kunstakademie de Düsseldorf l’artiste a présenté sa première exposition personnelle avec la galerie en 2023. Il s’agissait de sa première exposition personnelle parisienne. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles entre 2023 et 2024 en Allemagne et en Chine: chez Baustelle Schaustelle (Essen), Efremidis (Berlin), Braunsfelder (Cologne),
Leo Gallery (Shanghai) et Super Super Markt (Berlin). Et son travail a été présenté pour la première fois dans deux foires internationales : Art Cologne (2023) et June Art Fair, Bâle (2023).
Nicholas Marschner
(Né en 1995 - Londres, Angleterre)
Nicholas Marschner est un peintre anglais basé à Berlin. Il a suivi ses études à Londres à la London Metropolitan University. Son travail a fait l’objet d’une exposition personnelle à la foire internationale Art Bruxelles avec la galerie londonienne Alice Amati. Cette dernière galerie avait déjà présenté cette année son travail dans une exposition personnelle en ligne. Récemment son travail a été présenté dans plusieurs expositions collectives, notamment chez Alice Amati (Londres), Split Gallery (Londres) ou encore par le curateur italien Caspar Giorgio Williams (Turin). Avec la galerie Elsa Meunier Nicholas Marschner présente pour la première fois son travail à Paris.
Timespaces
Julien Heintz, Cécile Lempert, Nicholas Marschner
Vernissage I Mardi 1er Octobre 
Exposition I 2 au 5 Octobre 
14h-19h
15 rue Guénégaud Paris 6ème
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